Afrique: Badminton - Le Paris olympique du Mauricien Julien Paul

Georges Julien Paul, 28 ans, était l'unique représentant africain au tournoi simple messieurs de badminton des Jeux de Tokyo. Trois ans plus tard, après une grave blessure et de sérieuses hésitations, le Mauricien espère revivre l'aventure olympique en France, le pays où il s'entraîne désormais. Rencontre.

« Si je suis encore là, c'est vraiment grâce au soutien de ma famille et à l'amour que j'ai pour le badminton. » Julien Paul, multi-médaillé aux Championnats d'Afrique, transpire à peine alors qu'il vient d'achever son premier match aux Jeux africains, ce 7 mars 2024 à Accra. Une victoire sans tourment face au Burkinabè Abdoul Fatao Tapsoba, au deuxième tour du tournoi simple messieurs. Sérénité qui contraste avec les doutes qui ont assailli le Mauricien, fin 2021. « J'ai eu une grosse blessure, une déchirure au tendon d'Achille, raconte-t-il. Là, c'était vraiment un point d'interrogation dans ma carrière parce que soit je revenais avec des objectifs à atteindre, soit j'arrêtais le badminton. Finalement, je me suis lancé un nouveau défi et je veux vraiment être à Paris ».

Pourtant, avec sa première participation aux Jeux olympiques, Julien Paul avait atteint son graal : disputer des JO. Mais son expérience à Tokyo, sans spectateurs - Covid-19 oblige - l'a laissé sur sa faim. « Pour être honnête, ça a gâché le plaisir parce que j'ai quand même disputé de gros événements comme ceux du Commonwealth, souligne-t-il. Ça fait une grosse différence d'aller dans des stades sans aucun public comme à Tokyo, de ne même pas pouvoir voir les autres disciplines. C'était un peu compliqué. On était vraiment emprisonné au village ou au gymnase, sans pouvoir avoir aucune interaction avec personne. C'était spécial comme situation. Mais, en vrai, c'était aussi un moment inoubliable pour moi, ces premiers Jeux ». En témoignent les anneaux olympiques que le joueur de 28 ans s'est fait tatouer derrière le bras droit.

En 2022, pour se préparer à son nouveau défi, le natif de Curepipe a décidé de quitter Maurice pour l'Ile-de-France et un club dans la commune de Boulogne-Billancourt où y il côtoie sa compatriote, Kate Foo Kune, elle aussi olympienne. « A Maurice, le badminton est dans la culture sportive, affirme Julien Paul. C'est un des plus vieux sports pratiqués et dans lequel on a des résultats. Mon pays, c'est un des plus petits pays d'Afrique. Mais, malgré tout, on a réussi à faire des podiums continentaux à plusieurs reprises ». L'intéressé relativise toutefois : « Il y a quand même une limite au niveau qu'on peut y atteindre parce qu'il y a moins de joueurs d'excellence, il n'y a pas de clubs comme on peut en trouver en France ou dans d'autres pays européens. »

Difficile en outre de lutter avec les nations asiatiques - Chine, Japon, Corée du Sud, Malaisie, Indonésie, Inde, etc - qui dominent les compétitions internationales, comme les Championnats du monde ou les JO. « Durant les compétitions africaines, on se voit déjà jouer les demi-finales, finales, explique celui qui ne se considère pourtant pas comme une star au niveau continental. Lors des tournois européens, on perd au premier tour et on se prend une claque. C'est un retour à la réalité ».

Financièrement, Julien Paul peut en revanche compter sur le soutien financier de son club français, de la Confédération africaine de badminton, et sur celui de ses sponsors mauriciens pour voyager à travers la planète, comme à Accra. « Pour le moment, je suis premier dans la course à la qualification olympique, au niveau africain [1]. L'avantage, c'est que pour ces JO, il y a deux places pour les pays africains contrairement aux précédents. C'est donc légèrement plus facile de se qualifier. Mais je pense que ça va se jouer durant ces Jeux », estime celui qui est à la croisée des chemins, entre ses études en gestion et marketing et sa carrière sportive. « Etre loin des terrains, c'est dur, conclut-il. Et dès qu'on y revient, on reprend du plaisir. C'est un amour infini. »

[1] Les deux joueurs africains ayant récolté le plus de points entre le 1er mai 2023 et le 28 avril 2024 seront qualifiés pour Paris 2024, à condition qu'ils soient classés parmi les 250 meilleurs joueurs mondiaux sur cette période de référence.

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