La grande muette leur ayant ouvert officiellement ses portes, à tous les niveaux, il y a environ deux décennies, des femmes se distinguent de plus en plus dans l'Armée. Dans le domaine de la santé où elles étaient admises bien avant, elles abattent un travail considérable et sont au front dans toutes les spécialisations. En ce 08 mars consacré Journée internationale de la Femme, nos regards se sont tournés vers une femme dont la prouesse est chantée par la population, après la réussite de la première transplantation rénale au Sénégal : le médecin-colonel Dr Youhanidou Wane Dia.
L'hôpital militaire de Ouakam a dirigé de main de maître la première transplantation rénale au Sénégal. Et cela a été possible grâce à la détermination d'une femme directrice d'hôpital qui s'est donné les moyens pour y arriver. Avec l'appui de médecins turcs et une équipe d'experts sénégalais, elle a coordonné les opérations et en est sortie avec tous les honneurs. Et cette prouesse l'a fait découvrir au grand public. Cette dame n'est autre que Dr Youhanidou Wane Dia, un médecin-colonel d'une discrétion inouïe.
Femme militaire, elle est gynécologue-obstétricien de profession. Depuis son arrivée à la tête de cette structure sanitaire militaire de Ouakam (trois ans), elle travaille pour rehausser le niveau d'appréciation. Aujourd'hui, sa structure sanitaire est réputée être l'une des meilleures du pays, avec un plateau technique de pointe. L'hôpital militaire de Ouakam peut se permettre, aujourd'hui, de diriger les plus grandes opérations chirurgicales comme celles qu'il a abrité à savoir la transplantation.
Humble dans sa démarche, sa logique et son esprit, le médecin-colonel, se prononçant après le succès de la première expérience de transplantation rénale au Sénégal, a rendu honneurs à ses pairs. Dr Youhanidou Wane Dia précise d'abord que c'est le fruit d'un travail d'équipe qui a réuni des urologues, des néphrologues, des biologistes, des psychologues. «Je puis vous assurer qu'aujourd'hui le Sénégal peut transplanter tout seul. Cela a nécessité beaucoup d'équipements, avec des tests de compatibilité surtout. Nous pouvons nous vanter d'avoir cette plateforme qui n'existe pas dans la sous-région. Les 2 premiers malades qui ont eu la transplantation sont montés dans leur chambre, 2 sœurs sont en salle de réveil», a dit Dr Youhanidou Wane Dia.
A l'écoute de ses pensionnaires, ce médecin répond toujours à l'appel sur les urgences signalées, pour une meilleure prise en charge des malades. Au sein de sa structure, elle est apprécié tant par son personnel que les patients qui fréquentent ce lieu. «Je l'ai côtoyée pendant des années. Elle ne se fait jamais passer pour la cheffe. Elle est à l'étude des médecins et privilégie toujours le travail d'équipe pendant les interventions d'urgence», a soutenu un de ces collègues dans l'Armée. Et de poursuivre : «elle est une femme très discrète. Quand, il y a des rencontres, elle préfère déléguer des gens pour la représenter».
Femme de défis, elle aime les relever partout. Dans les opérations de l'Armée, elle est allée au front en Casamance. Selon ses pairs, «jeune médecin-militaire, elle est envoyée au front dans la gestion de la rébellion, en 1997, avec les événements meurtriers de Mandina Mancagne, dans le Sud du pays, faisant d'elle l'une des premières femmes militaires à avoir vécu sur le terrain cette tragédie».
Fille de Amadou Tidiane Wane, ancien maire de Kanel, elle est aussi une femme modèle dans son foyer et son époux ne tarit pas d'éloges pour elle. «Au-delà du fait qu'elle fait preuve d'une conscience professionnelle aveugle, c'est aussi une femme très attachée à la religion. D'ailleurs, chaque jour, c'est de façon implacable qu'elle me réveille à l'aube en m'invitant à m'acquitter de la prière de Fadjr. Et après la séance de prière, pendant que je m'empresse de replonger dans mon sommeil, elle ne se donne pas de temps à perdre. Elle se prépare vite et prend la route de l'hôpital. C'est son boulot qui la préoccupe», témoigne son époux, Elhadj Dia cité par des médias.