Ile Maurice: Curepipe Credit Union - Des mesures pour équilibrer vie professionnelle et personnelle des employés

Des employés heureux dans leur vie personnelle sont capables de donner le meilleur d'eux-mêmes et d'être plus productifs dans leur travail. Cela, Clency Lajoie, président de la Curepipe Credit Union, qui a rejoint cette coopérative de crédit il y a 47 ans, l'aura bien compris.

À l'occasion de la Journée internationale de la femme, il a décidé d'appliquer une série de mesures visant à aider les huit employés de cette société coopérative à équilibrer leur vie professionnelle et personnelle. Rencontre avec lui et deux des employés, Marilyn Nadal, «Senior Administrative Officer», et Hillary Allaghen-Caroline, secrétaire du conseil d'administration.

Commençons par un brin d'histoire. Les bases de cette société coopérative de crédit, située à la rue Gabriel Froppier, à Curepipe, ont été jetées au début des années 70 dans la mouvance de la création de l'Institut pour le progrès et le développement et avec les encouragements du diocèse de Port-Louis, notamment de feus Mgr Amédée Nagapen et le père Robert Fleurot. À l'époque, la situation économique du pays était catastrophique, et les pères et mères de famille tiraient le diable par la queue. Comme le mouvement coopératif n'avait pas encore pris son essor à Maurice, le diocèse de Port-Louis a envoyé quelques membres de la paroisse Ste-Thérèse à Curepipe et d'autres laïcs au Canada pour se familiariser au système des coopératives de crédit, dans l'optique de le répliquer à Curepipe.

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Cette société coopérative de crédit, dont les réunions se tenaient au départ à la salle d'oeuvre de l'église susmentionnée, a commencé, après son enregistrement officiel le 5 juillet 1971, à encourager ses futurs membres à cotiser un minimum de Rs 10 pour avoir ensuite le droit d'emprunter le double du montant investi. Un emprunt au taux d'intérêt de 1,5 %, frappé sur la balance après chaque remboursement. C'est ainsi que la Curepipe Credit Union a vu ses adhérents augmenter.

Valeur du jour, cette société coopérative de crédit compte 7 137 membres enregistrés, dont 4 000 sont actifs. Ils vivent aux quatre coins de l'île, de Cap-Malheureux à Baie-du-Cap. Le seuil de l'emprunt a augmenté au fil des années pour passer à Rs 500 000. Il est possible pour les membres de faire des demandes de prêt d'urgence, notamment lorsque celles-ci sont d'ordre médical. Les fonds sont alors débloqués dans un délai de 48 heures. Mais généralement, les membres contractent un emprunt pour payer les études de leurs enfants, la rénovation de leur maison ou encore des frais de maternité, pour ne citer que ceux-là.

Clency Lajoie, secrétaire de rédaction à Radio 1, est l'actuel président de la Curepipe Credit Union, qu'il a déjà présidée dans le passé à plusieurs reprises. Depuis qu'il a repris le flambeau l'an dernier, en juillet, il a organisé une petite réunion entre les membres du conseil d'administration et le personnel dénombré à huit employés, dont sept sont des femmes, de même qu'une cérémonie en octobre en l'honneur du cardinal Maurice Piat, qui est le président d'honneur de cette société coopérative de crédit.

Cette année, il a fait en sorte que la Curepipe Credit Union soit syndiquée auprès de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé. Et dans la convention collective de cet accord, il est stipulé que l'employeur doit fournir gratuitement des serviettes hygiéniques à ses employées. Ce qui a alors donné des idées à Clency Lajoie. Dans un premier temps et dans le cadre de la Journée internationale de la femme, il a fait appel à l'association Raise Brave Girls, qui offre généralement des distributeurs de serviettes hygiéniques aux associations et autres organisations. Et hier, Prisheela Mottee, la responsable de cette organisation, a fait don d'un distributeur de serviettes hygiéniques à cette société coopérative de crédit, et elle l'alimentera régulièrement afin que ses employées n'aient qu'à se servir.

((De g. à dr.) Marilyn Nadal, Clency Lajoie et Hillary Allagen-Caroline.)

Mais Clency Lajoie va beaucoup plus loin pour le bien-être des employés de cette société coopérative de crédit. À sa demande, le conseil d'administration a accepté le principe d'accorder cinq mois de congé de maternité au personnel féminin au lieu des trois mois légalement autorisés. Pour que l'unique employé masculin de la coopérative ne soit pas en reste, le congé de paternité, qui est légalement de 14 jours, sera étendu à un mois. «Et même si l'employée adopte un enfant de moins de cinq ans, elle aura droit au congé de maternité de cinq mois. Pour tout enfant adopté âgé de cinq à dix ans, le congé de maternité sera de cinq semaines, et de trois semaines lorsque l'enfant a plus de dix ans. C'est notre façon de promouvoir la vie familiale et la politique pro-natalité du gouvernement», souligne Clency Lajoie.

Il a également introduit le congé parental de cinq jours par an pour tout employé parent d'enfant de moins de 11 ans si celui-ci doit effectuer des démarches administratives, scolaires ou médicales pour son enfant. «Le casual leave doit être pris pour se reposer mais on sait très bien que de nombreux employés le prennent pour faire des démarches pour leurs enfants et qu'au final, ils ne se reposent pas du tout. D'où cette décision d'accorder un congé parental de cinq jours par an afin que l'employé ne perde pas son casual leave», ajoute-t-il.

Il vient également d'élaborer un protocole en cas d'avis de fortes pluies ou de cyclone. Ainsi, dès que le temps se gâte et que le gouvernement prend la décision de laisser les fonctionnaires rentrer chez eux plus tôt, les employés de la Curepipe Credit Union pourront leur emboîter le pas alors que ce n'est pas une obligation pour le secteur privé de le faire. Il a aussi fait en sorte que les horaires de travail des employés, qui varient entre 45 et 48 heures, soient ramenés à 35 heures en semaine.

Marilyn Nadal, qui compte 29 ans de service, tout en étant membre de cette société coopérative, apprécie ces changements qui vont dans le bon sens. «Cette coopérative de crédit a été à nos côtés dans les bons comme les mauvais moments et je suis très contente de ces mesures qui me permettent d'être gagnante aussi bien dans le travail qu'au niveau familial.» Hillary Allagen-Caroline, qui est secrétaire de direction depuis un an à la Curepipe Credit Union, mais membre depuis dix ans, abonde dans son sens. «C'est un gros progrès par rapport au travail. La femme a dû lutter pendant des années pour obtenir des droits. Je suis une jeune maman et j'ai réalisé à quel point le congé de maternité de trois mois est insuffisant. Ces changements sont donc très positifs pour les employés, homme comme femmes.»

Clency Lajoie indique qu'il est tout à fait possible de faire carrière dans une coopérative. «Les coopératives, c'est du sérieux, à condition que la gestion soit bonne.» Il ajoute que lorsqu'on occupe un poste de leadership, «on doit tout faire pour améliorer la vie du personnel et de sa famille». Qui dit mieux ?

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