Madagascar: Josie Volaravo Dominique - «... Nous devons continuer à nous battre pour les droits que nous n'avons pas encore»

Elle a travaillé dur pour arriver là où elle est actuellement. La procrastination n'existe guère dans son vocabulaire. Elle est rigoureuse. Politiste de qualité, l'Université d'Antsiranana est fière de l'avoir comme enseignante. En outre, ses oeuvres scientifiques demeurent des références pour les universitaires ainsi que les chercheurs. Pr Josie Volaravo Dominique est une "Fanôrovavy", la femme forte de la Région Diana.

L'équipe de Midi Madagasikara a eu l'opportunité de l'interviewer. L'entretien s'est centré sur la femme malgache dans tous ses états.

Midi Madagasikara. Sommes-nous dans une société machiste ?

Josie Volaravo Dominique. Je ne sais pas si on peut dire qu'on est dans une société machiste, en tout cas, on est dans une société où la violence envers les femmes est omniprésente. Que ce soit la violence physique, symbolique ou tout simplement morale. En termes de violence physique, la parole des femmes n'est pas encore libérée. Dans notre société, lorsqu'une femme se fait rouer de coups par son conjoint, c'est elle qui a honte et qui doit se cacher. Elle n'a souvent aucun mot à dire et sous prétexte que Ny tokantrano fihafiana, il n'est pas bon de dénoncer son mari au risque d'y perdre sa vie.

M.M. On peut d'ailleurs se demander combien de féminicides peut-on compter dans notre société annuellement ou mensuellement ?

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J.V.D. Or la honte doit changer de camp, les femmes n'ont pas à avoir honte des violences qu'elles subissent au quotidien, même si certains jugent que parfois cela est mérité. On ne doit pas par exemple accepter que le harcèlement sexuel puisse exister en milieu universitaire ou scolaire ou ailleurs d'ailleurs, on ne doit plus accepter que cela puisse être utilisé comme monnaie d'échange pour pouvoir obtenir quelque chose que l'on mérite.

M.M. Pour vous, c'est quoi « Laissez-libre femme gasy » ? Êtes-vous féministe ?

J.V.D. C'est d'abord une chanson de Ninie Doniah qui, dans les années 90, était un plaidoyer à la liberté de la femme pour faire ce qu'elle veut. Après on peut mettre tout ce qu'on veut derrière selon à qui on s'adresse exactement. Aux hommes ou à la société ? Je pense que la femme malgache est libre, c'est en fonction de l'environnement dans lequel elle vit que c'est plus ou moins compliqué.

Je ne sais pas... Si ne pas accepter que certaines injustices soient faites aux femmes fait de moi une féministe, alors oui j'en suis une...

M.M. Dans la culture malgache, la femme est considérée comme «ravaky ny tokan-trano», une décoration, si j'ose le dire ainsi, l'est-elle en politique ?

J.V.D. Non, pas du tout...peut-être qu'en regardant de l'extérieur on voit que les femmes sont plus discrètes ou ont une manière différente de faire. En même temps, lorsqu'elles emploient les mêmes manières que les hommes, des voix s'élèvent la traitant de tous les noms... Par exemple dans le milieu du travail, un homme qui crie a de la poigne, mais une femme qui crie est hystérique... Un homme en colère a du caractère mais une femme en colère est caractérielle... La liste est longue... Cependant, je peux dire que le fait que les femmes soient plus discrètes, ne veut dire en aucun cas qu'elles soient moins efficaces.

M.M. La politique est-elle dangereuse pour la femme ? Espérez-vous qu'un jour, une femme sera à la tête de ce pays ?

J.V.D. Pourquoi la politique serait alors dangereuse ? Pourquoi elle ne le serait pas pour l'homme...

Personne ne peut prédire l'avenir, je n'ai pas de boule de cristal !

M.M. Chaque année c'est le même schéma, le 8 mars est synonyme de carnaval, tenue traditionnelle. Êtes-vous de cet avis ?

J.V.D. Est-ce que mon avis importe ? Nous avons notre façon de faire que je respecte. Après, faire un carnaval n'empêche pas de diffuser le fait que nous devons continuer à nous battre pour les droits que nous n'avons pas encore.

M.M. On dit souvent que Madagascar est avancé en termes de la promotion de la femme. Partagez-vous ce point de vue?

J.V.D. Oui bien sûr, on a le droit de conduire, on ne nous impose pas le voile, etc.

M.M. Vous avez récemment présenté votre HDR, « La politique à Madagascar à l'aube de la construction de l'État et des questions sécuritaires de l'Océan Indien », un sujet très intéressant. Qu'est ce qui vous a poussée à traiter ce thème ?

J.V.D. Le HDR est une compilation de travaux de recherches menés depuis un certain temps. Ce thème est donc le fil directeur de la synthèse et la compilation des articles scientifiques de mes travaux de recherche.

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