Nianing, (Mbour), 8 mars (APS) - Des femmes de Nianing, un village de la commune de Malicounda (Mbour, ouest), comptent en grande partie maintenant sur la vente des coquillages, fruit d'un dur labeur, pour faire vivre leur famille, le tourisme qui employait bon nombre d'entre elles traversant une passe difficile sur la zone côtière de Mbour, très prisée par les vacanciers.
Aussi, les ramasseuses de coquillages de la plage de ce village côtier sont-elles toujours sur la brèche, afin de récolter le maximum de fruits de mer. Histoire de se faire davantage d'argent.
Assise au milieu d'un amas de coquillages, sous un soleil de plomb, non loin de la plage, Rosalie Ndiaye tient un tamis entre ses mains. C'est son principal outil de travail. Il lui sert à séparer les coquillages du sable.
"Je travaille dans les coquillages depuis quatorze ans", lance-t-elle, le sourire aux lèvres, avant de poursuivre tranquillement sa tâche.
"Ce n'est pas un travail aisé", témoigne Rosalie. Pour elle, c'est un même euphémisme que de le dire. Il faut en effet toute une journée et sous des températures élevées, à certaines heures du jour, pour ramasser assez de coquillages.
La cueillette consiste à tamiser le sable, pour en extraire les carapaces des mollusques.
A côté de Rosalie, quelques femmes, tamis en main, devisent à l'ombre de grands palétuviers. Elles habitent pour la plupart Nianing, ou dans les villages environnants d'où elles partent tôt le matin, pour venir passer toute la journée à leur lieu de travail.
"Nous sommes là de 7 heures à 19 heures et cela, chaque jour", explique Arame Diouf, absorbée par son tas d'objets précieux. Leur matière première, ce sont les chargements de graviers que des charretiers prélèvent près de la plage pour les leur revendre.
Une variété de coquillages
"Nous achetons la charge [de graviers] à 200 francs, nous les séchons et nous passons au tamisage pour récupérer le coquillage", détaille Rosalie.
"Il y a plusieurs variétés de coquillages, comme le 'gravas', le grain de riz [il est utilisé pour le coulage des dalles], le gros coquillage, entre autres", indique Arame Diouf.
Cette diversité des coquillages issus de la plage de Nianing, s'exprime tant dans leurs formes, leurs tailles que leurs couleurs. Il y en a de petits, de moyens et de grands modèles. Ainsi varient aussi les prix, selon la catégorie de coquilles. "Il y a un sac à 3.500 francs, 2.500 francs et 2000 francs", dit-elle.
Très recherchés pour la décoration, les coquillages ne "nourrissent" pas les femmes
Des clients viennent les chercher à Nianing pour embellir les façades de leurs maisons ou de leurs réceptifs hôteliers. "Je passe souvent en acheter pour ma maison", dit Marie, une gérante d'hôtel dans les îles du Saloum, qui tient en haute estime ces vaillantes dames.
"J'en achète aussi pour les encourager, les soutenir, parce que le travail est difficile. Elles sont braves, elles travaillent sous le chaud soleil, donc elles méritent d'être soutenues et accompagnées", lance Marie.
Même si elles estiment disent ne peut vivre de ce métier, les chercheuses de coquillages disent n'avoir pas d'autre choix que de continuer à l'exercer.
"Si nous avions les moyens, nous ne serions pas ici à ramasser des coquillages. Parce que non seulement le travail est très difficile, mais aussi on peut rester plusieurs semaines, voire un mois sans rien vendre", se plaint Arame.
Un avis que corrobore sa collègue Sadio Diassy. "Nous n'avons pas le choix. Ce travail est notre seul gagne-pain, car nous ne savons pas où aller", déclare-t-elle.
Rosalie explique que les quelques hôtels qui recrutaient des femmes de chambre, ont fermé leurs portes. "C'est très difficile, car faute de soutien, nous travaillons avec nos maigres moyens. Et c'est très rare même de voir des gens s'intéresser à ce que nous faisons", se désole-t-elle.
En ce mois consacré à la gent féminine, et plus particulièrement en cette veille de célébration de la Journée internationale instituée par l'ONU pour faire le point sur la condition de la femme, les ramasseuses de coquillages de Nianing se rappellent au bon souvenir des pouvoirs publics.