Dakar — Les femmes représentent 70 % de la main-d'œuvre agricole en Afrique de l'ouest et du centre, mais "leur contribution reste invisible" dans ce domaine, a déploré Evelyne Etti, directrice régionale adjointe du bureau du Programme alimentaire mondial (PAM).
"Les femmes, globalement et dans notre région, représentent plus de 70 % de la main-d'œuvre agricole mais leur contribution reste invisible", a-t-elle déclaré, jeudi, en introduisant un panel sur le thème "Autonomiser les femmes dans les systèmes alimentaires".
Ce panel s'inscrit dans le cadre de la Journée internationale la femme que le bureau régional du PAM a choisi de commémorer cette année sur le thème de l'autonomisation des femmes dans les systèmes alimentaires.
En Afrique de l'Ouest, "les femmes jouent un rôle essentiel dans les systèmes alimentaires, de la production à la consommation", a souligné Evelyne Etti.
"Le PAM a le potentiel de promouvoir à grande échelle l'autonomisation économique des femmes dans les systèmes alimentaires. Nos programmes de soutien au marché agricole des petits exploitants (SAMS) constituent un point d'entrée naturel, et nous avons déjà de bonnes pratiques émergeant de la région", a noté la directrice régionale adjointe du bureau du PAM.
Mme Etti, évoquant la lutte pour les droits des femmes, a affirmé que "de nombreux progrès ont été réalisés depuis la célébration de la Journée internationale des femmes, il y a plus de cent ans, mais ils sont loin d'être homogènes".
"Les femmes sont encore confrontées à de nombreux défis en matière d'égalité de genre, et dans la région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre, l'inégalité de genre se traduit par des taux élevés de mutilations génitales féminines, qui dépassent 90 % dans certains pays", a-t-elle signalé.
Elle a toutefois fait état de "progrès réalisés dans la région" dans ce domaine, avec l'élaboration de lois promouvant l'égalité de genre, la ratification de protocoles internationaux et la mise en place de mesures affirmatives en faveur de l'autonomisation des femmes".
Les femmes sont maintenant "plus actives dans les espaces politiques", comme au Sénégal, "où plus de 40 pour cent des parlementaires sont des femmes", a relevé la directrice régionale adjointe du bureau du PAM.
Selon Evelyne Etti, "le PAM considère l'égalité de genre comme une partie intégrante de sa mission visant à assurer la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition".
"Le PAM ne peut pas accomplir sa mission sans s'attaquer aux causes profondes des inégalités de genre et sans promouvoir l'autonomisation économique des femmes", a-t-elle insisté.
Pour Khady Fall Tall, présidente de l'Association des femmes d'Afrique de l'Ouest (AFAO), "l'Afrique doit se prononcer sur les systèmes alimentaires car elle ne se décrète pas, il faut la construire".
"Les femmes sont à accompagner en termes de formation et de financement car elles ont un rôle important dans l'agriculture, les systèmes alimentaires. Elles interviennent sur la toute la chaine", a ajouté Mme Tall au cours de ce panel.
Selon les organisateurs, ce panel a enregistré "une participation très riche" de diverses agences des Nations unies (FIDA, FAO, UNFPA), d'ONG internationales (CARE International) et du secteur privé (la Fondation Mastercard).
Il y avait aussi des entreprises sociales (Lionceau), des représentants de la société civile (GEVAPAF) et des associations de femmes travaillant dans la transformation des produits locaux.
"Les différentes interventions nous ont permis non seulement de faire une revue des différents défis que les femmes rencontrent malgré leur contribution énorme dans la chaine de valeur agricole", explique Yaye Ramatoulaye Dièye, conseillère genre au bureau régional du PAM.
Le panel a aussi permis de "passer en revue les opportunités et des réussites en matière d'autonomisation des femmes dans les systèmes alimentaires dans la région", ajoute Mme Dièye.
Le panel a pris fin avec la visite d'une exposition des produits des locaux transformés par des femmes.