Congo-Brazzaville: Les souvenirs de la musique congolaise - Jean Serge Essous, trois « S », sa vie et son oeuvre (fin)

Suite aux menaces dont il était l'objet de la part des certains ténors de la jeunesse du Mouvement national de la révolution qui semaient la terreur dans Brazzaville et voulaient sa peau, Jean Serge Essous profitait du séjour des Bantous de la capitale à Abidjan, en Côte d'Ivoire, pour s'exfiltrer et rejoindre le groupe Ryco jazz à Paris, en France.

Le groupe était composé de quelques Congolais dont Jerry Mayikani et Freddy Nkounkou (ancien sociétaire du Negro-Band) et par la suite un opérateur économique congolais du nom de Bayonne qui les amenait aux Antilles en Martinique où il disposait une propriété dénommée Cabane Bantous, qui était le lieu des prestations du groupe.

La nature ayant horreur du vide, c'est en arrivant à Brazzaville que Nino Malapet prend la barre du navire battant pavillon Bantous de la capitale, orchestre qu'il a dirigé tout le reste de sa vie.

Avec l'arrivée de Jean Serge Essous dans le Ryco Jazz en 1966, le groupe connu une ascension fulgurante grâce aux talents et chansons flamboyantes d'Essous qui bousculent l'écosystème musical Antillais, entre autres titres « oh pédalé ! Oh ! », « Timothé ».

A noter que l'épopée du Ryco jazz avec Jean Serge Essous aux Antilles fut marqué par des différentes prestations en Martinique, Guadeloupe et autres localités des îles Caraïbes, de succès en succès, la chanson Timothé avec la danse Biguine fut saluée comme l'une des grandes oeuvres de l'année 1969 lors du Carnaval de Musique que l'on organise aux Antilles chaque année. Carnaval à l'issu du quel Jean Serge Essous fut décoré par le préfet de la Martinique pour son titre sublime Timothé. Les mélomanes antillais de l'époque appelaient Essous « Spiritous » ou « Esprit ».

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Il sied de noter que la chanson « Timothé » a fait briller Jean Serge Essous au firmament de la musique antillaise et a connu une gloire incontestable au sein des mélomanes Antillais durant des décennies, laissant ainsi un souvenir inoubliable son séjour aux Antilles.

En 1971, à cause de la dislocation du Ryco Jazz, Jean Serge Essous réintégrait l'orchestre Bantous vers la fin de l'année où il était accueilli chaleureusement par les musiciens et fans et sympathisants des Bantous, les titres "Bongo", "Farce" et autres en sont une parfaite illustration. Malgré les remous qui avait secoué le groupe en 1972 et qui fut à l'origine de la dislocation des Bantous en trois groupes, à savoir Bantous, Nzoï et le Peuple, Jean Serge Essous restait fidèle à l'orchestre Bantous dont il fut non seulement l'un des cofondateurs mais aussi l'âme et le coeur jusqu' à la fin de sa vie.

Le 11 octobre 2006, Jean Serge Essous fut désigné « Artiste Unesco pour la paix » par le directeur général de l'Unesco en présence du chef de l'Etat congolais, Denis Sassou N'Guesso, et du ministre congolais de la Culture et Arts.

L'on retiendra que tout le temps où il a vécu dans les Bantous, il ressemblait à l'histoire du "Chêne et du Roseau" (une fable de la Fontaine). Jean Serge Essous pliait mais ne tombait pas. Cependant, deux éléments factuels majeurs furent à l'origine de la fin de la rivalité entre les Bantous de la capitale et l'orchestre Tembo, à savoir le départ de Jean Serge Essous aux Antilles et la dislocation de l'orchestre Tembo en 1967. Comme tout homme est appelé à mourir, Jean Serge Essous Trois "S", icône de la musique congolaise, quittait la terre des hommes le 26 novembre 2009.

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