Depuis le 1er Janvier 2024 et sur décision du gouvernement togolais, l'AMU (Assurance Maladie Universelle) est devenue chose effective dans la vie des Togolais et surtout les travailleurs de tous les secteurs d'activités.
Alors que les prélèvements sont faits dans certaines entreprises sur le salaire des employés, d'autres entreprises n'ont pas encore acté les prélèvements qui devront par la suite donner droit aux prestations liées à l'AMU. C'est du moins ce que renseignait ce Jeudi 07 Mars 2024, l'USYNTRAZOFE (Union Syndicale des Travailleurs de la Zone Franche d'Exportation).
En effet, face à la presse, à la suite d'un atelier organisé à l'endroit des ouvriers, délégués du personnel et syndicaux, autour de la mise en oeuvre de l'AMU et des différentes incompréhensions, inquiétudes et craintes..., les responsables de cette union syndicale, qui recevaient pour l'occasion, l'appui d'INSP !R-Togo et de CCFD-Terre Solidaire, n'ont pas hésité à saluer l'effectivité de cette assurance maladie universelle qui d'après eux, « n'est pas une faveur mais un droit fondamental » qui « va améliorer la sécurité et la santé des travailleurs ».
Une réserve que porte Koffi AKITI, Secrétaire général de l'USYNTRAZOFE, et ses collègues de la zone franche industrielle du Togo, elle porte sur le fait que la décision de l'activation de cette AMU a été comme une sorte d'imposition, sans discussion préalable avec les acteurs. « Avant de mettre en oeuvre cette AMU, l'Etat togolais devrait organiser un dialogue social avec les acteurs, les partenaires concernés.
Mais c'est tombé dru comme ça sous forme d'imposition. Et ce qui est plus gênant encore dans cette histoire, c'est que pour les travailleurs que nous sommes, c'est le taux de prélèvement qui est fixé à 5% de nos salaires. En principe pour les travailleurs de la zone franche que nous sommes, avec nos maigres revenus mensuels, on aurait pu décider ensemble en une discussion, un taux forfaitaire soit 1000 F cfa ou 2000 F cfa par travailleur, pour faire cette AMU. Mais le taux de 5% pour le travailleur, ça fait qu'à la fin du mois, le travailleur de la zone franche industrielle ne se retrouve pas », expliquait M. Akiti.
Et, constatent également les organisateurs de cet atelier et de la conférence de presse, ils ne sont pas les seuls à accuser le coup de ce taux fixé sans avoir consulté les acteurs. « Pas seulement nous les travailleurs, mais les employeurs aussi se plaignent de ce taux-là, si leur marge salariale est de 5 millions le mois, ils doivent aussi payer 5 % de cette somme là pour les travailleurs que nous constitutions. Donc l'énormité de ce taux-là fait que aujourd'hui, chacun se méfie et est sur sa position, on ne peut plus aujourd'hui aller vers l'employeur pour lui dire voilà Monsieur, avec l'entrée en vigueur de l'AMU, mon salaire se voit diminué, faites nous quelque chose. Parce que, s'il ajoutait 1 franc sur le salaire, il va encore payer sur ça. Et la réticence là fait que nous sommes laissés pour compte » regrette Koffi AKITI.
Pour sortir d'une telle situation et aussi aider le gouvernement togolais à la réussite de la mise en oeuvre de l'AMU au Togo, et précisément dans la zone franche industrielle togolaise, l'USYNTRAZOFE indique que, « quand bien même l'AMU est une bonne chose, nous souhaiterions que le gouvernement en un dialogue social sincère avec les acteurs puisse revenir et revoir le taux à la baisse ».
On ose espérer que cette posture conciliante de l'USYNTRAZOFE trouvera écho favorable près des décideurs de la République, pour le grand bonheur des travailleurs.
Pour information, le thème de l'atelier organisé par l'USYNTRAZOFE, avec l'appui d'INSP !R Togo et de CCFD Terre Solidaire, était, « Mise en oeuvre d'assurance maladie universelle dans la ZFI au Togo : lumière sur les décrets d'application de l'AMU et réponses aux questions récurrentes relatives à la mise en oeuvre de l'AMU ».