En RDC, le journaliste congolais Stanis Bujakera est jugé pour un article ayant mis en cause les renseignements militaires dans la mort d'un opposant.
A Kinshasa, six mois jour pour jour après son arrestation, l'accusation a requis ce vendredi 8 mars 20 ans de prison contre le journaliste congolais Stanis Bujakera.
Il est notamment accusé de contrefaçon, faux en écriture, usage de faux, propagation de faux bruits, selon le procureur du tribunal siégeant dans l'enceinte de la prison où est détenu Stanis Bujakera.
"Je sollicite mon acquittement total", a répondu celui-ci. Le tribunal doit rendre son verdict d'ici le 20 mars. Interviewé par la Deutsche Welle, Papy Niango, avocat de la défense, avance qu'une contre-expertise est pourtant venue infirmer le premier rapport du parquet.
Stanis Bujakera est entre autres directeur adjoint du média en ligne congolais Actualité.cd. Il a été arrêté le 8 septembre 2023. On lui reproche "d'avoir fabriqué et distribué" une note des renseignements civils incriminant les renseignements militaires dans la mort de Chérubin Okende.
Motivations politiques
Le corps ensanglanté de cet opposant avait été retrouvé le 13 juillet 2023 dans sa voiture. Depuis, la justice a conclu à un suicide, provoquant l'indignation de ses proches et son parti, qui dénoncent un assassinat.
Selon le procureur, Stanis Bujakera aurait cherché à "imputer" la mort de Chérubin Okende au président congolais Félix Tshisekedi et à ses proches. Son article aurait été écrit "à des fins politiques".
Au-delà d'Actualité.cd, le journaliste est également correspondant pour le magazine Jeune Afrique ainsi que pour l'agence de presse internationale Reuters.
L'ONG Amnesty International qui parle d'une affaire montée de toutes pièces et une parodie de justice a ce vendredi une nouvelle fois demandé la "libération immédiate" de Stanis Bujakera.