Sénégal: Kardiata Bâ, de 'Dental Bamtaare Tooro' - L'engagement désintéressé' au service des éleveurs

Tarédji (Podor) — Kardiata Mamadou Bâ a fini de faire l'unanimité sur ses capacités managériales comme présidente de "Dental Bamtaare Tooro" (Association pour le développement du Toro), une des organisations pastorales mixtes du département de Podor, qu'elle dirige depuis bientôt vingt-cinq ans.

Comme toute femme née en milieu pastorale, Kardiata Bâ aime les animaux. Elle adore particulièrement les vaches et possède même un troupeau.

En plus de son amour pour le bétail, elle s'est toujours intéressée à la situation des acteurs de l'élevage, avec le fort désir de contribuer à améliorer leurs conditions de vie, pas toujours très faciles, surtout dans la zone du Diéri où l'eau est une denrée très rare.

"Je brûlais d'envie d'améliorer les dures conditions de vie des éleveurs, lance cette dame de petite taille. C'est une sorte de militantisme précoce qui s'est développée en moi", confie-t-elle.

L'occasion de servir le secteur lui est offerte en 1992 quand son village, Diambo Diaobé, adhère à DBT, l'Association pour le développement du Tooro. Elle est en effet choisie parmi les délégués pour participer à l'assemblée annuelle.

"Tout est parti de là", se souvient-elle. Puis, elle intègre plus tard le bureau de l'association. Elle mène parallèlement à ses activités d'alphabétisatrice et d'auxiliaire vétérinaire, ses tâches ménagères avec le soutien de sa famille.

Kardiata Bâ est portée à la tête de l'organisation lors d'une assemblée générale tenue en 2001. Avant cette ascension, elle occupait le poste de vice-présidente depuis 1993, sous le magistère de feu Amadou Djiby Sall.

Le fait que les hommes sont majoritaires au sein des instances de cette association créée le 15 novembre 1987, n'est pas un handicap pour la présidente de DBT.

"Le bureau compte plus d'hommes que de femmes. Mais, cela ne constitue nullement un obstacle dans la conduite des activités de l'association", assure Kardiata Bâ, disant "tirer sa force d'abord de sa famille".

"Mon époux m'encourage énormément, mais aussi il y a mon fils et son épouse et tous les autres membres de la famille qui me réconfortent", confie Kardiata dont la gestion a fini par convaincre les membres de DBT.

Parmi eux, l'un de ses plus proches collaborateurs, Moctar Diallo, secrétaire général de l'association. "Sa petite taille est compensée par la hauteur de ses points de vue", confie-t-il. Il estime que "ses capacités de négociation, de partage, d'ouverture ont fortement contribué à assoir un climat d'entente et de convivialité dans DBT".

"Les idées progressistes pour le développement de l'élevage me passionnent", soutient Mme Bâ. Toutefois, la responsable des éleveurs dit suivre attentivement les programmes du ministère de tutelle et participer à plusieurs rencontres d'échanges d'expériences et de partenariat avec des organisations similaires au Sénégal et au Sahel.

"Sous son autorité, nous avons déroulé plusieurs programmes et projets qui font de notre entité une référence dans le landerneau des organisations du département et au-delà", confirme un autre membre fondateur de DBT, Ousmane Bâ.

Talents de négociatrice et capacité de résilience salués

Ce dernier rappelle les programmes d'alphabétisation qu'elle a eu à dérouler entre 1993 et 1996 à Nénette, Tarédji et Bélel, des villages du département affiliés à l'Association pour la renaissance du pulaar.

Il rappelle que c'est à la faveur d'une crise au sein de cette association qu'ils ont pris leurs distances pour mettre sur pied DBT, lors d'une assemblée générale à Gawdé Boofé.

Elle a marqué "définitivement les esprits lors de la crise de 1996, avec ses talents de négociatrice et sa capacité de résilience", déclare Moctar Diallo. Kardiata Bâ a réussi à maintenir le groupe, témoigne-t-il encore.

"Par deux fois, elle a marché la nuit, avec des membres de l'association à la fin d'une réunion. La première fois en 1996 entre Djoutndou et Diambo Diaobé sur une distance de sept kilomètres. La deuxième fois, c'était entre Madina Feresbé et Tarédji, soit 15 kilomètres ", se souvient M. Diallo.

"Après l'alphabétisation, l'association a formé les 43 premières auxiliaires vétérinaires, hommes et femmes, en 1992", dit-il. Actuellement, grâce au dynamisme de la présidente de DBT, l'association dispose d'une unité de transformation laitière, mise en 2001, d'une ferme laitière, de trois centres de collecte de lait, d'un périmètre de culture fourragère, énumère-t-il.

Kardiata Ba signale que son association a initié également de nombreux projets, dont une unité de fabrique d'aliment de bétail et une radio communautaire.

Dental Bamtaare Tooro a été créée le 15 novembre 1987 par des jeunes qui, à l'époque, voulaient "contribuer à l'élévation du niveau de vie culturel et économique des populations" de cette contrée de la commune de Guédé Village, à partir de l'alphabétisation", renseigne son bras droit, Moctar Diallo.

Actuellement, dit-il, l'association pour le développement du Tooro compte 22 villages membres, disséminés dans la commune de Guédé et répartis entre le Diéri pour l'essentiel et le Waalo.

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