En cette Journée internationale de la femme, estimez-vous que le ministère de l'Égalité des genres a suffisamment oeuvré pour la valorisation de la gent féminine au cours de ces cinq dernières années ?
En cette Journée internationale de la femme, je suis révoltée et en colère envers la ministre de l'Égalité des genres. Je n'ai rien de personnel contre elle, mais sa gestion a été plus que catastrophique. C'est un ministère qui n'a pas connu de changement en cinq ans. Aucune femme ni enfant ne s'est senti protéger. Il n'a qu'à voir la situation alarmante dans les shelters. Kalpana Koonjoo-Shah est déconnectée de la réalité.
Il y a eu une augmentation du nombre de cas de violence conjugale et une diminution de «protection orders» et d'«occupational orders» ces dernières années. Qu'est-ce qui ne fonctionne pas ?
Il faut parler des chiffres officiels. Il y a eu 2 222 cas de violence envers les femmes en 2016, contre plus de 7 000 en 2023. C'est grave. Beaucoup a été dit sur le renforcement de la loi, mais il n'y a pas que cela. Où est la ministre quand il y a un cas de violence rapporté ? Elle ne réagit pas. Son seul argument est de venir dire que c'est l'opposition qui fait du cinéma. Il faut changer les mentalités depuis la petite enfance, que ce soit pour les filles ou pour les garçons. Pour ce qui est de la violence domestique, je dois faire ressortir que les poursuites des agresseurs tardent et que les condamnations sont rares. Il faut aussi miser sur la réhabilitation des agresseurs dans la société, comme cela se fait à l'étranger.
Quelles sont les propositions de l'alliance de l'opposition ?
Au nom du Parti travailliste, je peux dire que nous avons travaillé sur notre prochain manifeste électoral. C'est un document qui englobe plusieurs items pour les femmes et les enfants. Mais pour l'instant, je ne peux rien dévoiler à ce sujet. D'ailleurs, ce n'est pas à moi de le faire.
Vous avez vivement critiqué la Journée internationale de la femme organisée par le gouvernement à Pailles, le dimanche 25 février. Vous avez même qualifié l'événement de «galimatia complet». Pourquoi ?
Tout d'abord, je tiens à souligner que j'ai été choquée par l'invitation lancée par le ministère de Kalpana Konjoo-Shah. J'ai été surprise de constater les inexactitudes et le manque de professionnalisme de ce ministère. Par exemple, sur l'invitation, il était mentionné que la National Gender Policy avait été réalisé avec l'apport de l'Union européenne (UE), alors qu'il fallait remercier le Programme des Nations unies pour le développement, car c'est lui qui a apporté son soutien. L'UE a collaboré sur le Gender Equality Bill. C'est un impair protocolaire. Il convient également de rappeler que l'élaboration de la National Gender Policy a mis quatre ans à se concrétiser. Il a été initié en 2018 et a été lancé en 2022 par le Premier ministre.
Ensuite, j'ai été une fois de plus choquée en observant l'assistance au SVICC. Avons-nous célébré la Journée de la femme ou celle des personnes âgées au SVICC le dimanche 25 février ? Le Premier ministre n'a d'ailleurs pas abordé les mesures à prendre pour soutenir les femmes, mais a plutôt mis l'accent sur les pensions de retraite dans son discours. Linn vinn fer politik! Et que dire des pancartes distribuées aux femmes sur place, portant la mention «Pravind Jugnauth, we love you»? Sommes-nous en Corée du Nord ? Pratique-t-on le culte de la personnalité dans ce pays ? C'est indécent ! Kot nou inn arivé la? Pour ma part, je pense qu'à l'avenir, il faudrait éviter les journées politisées et plutôt se concentrer sur des journées de réflexion, comme cela se fait à l'étranger.
Mais Pravind Jugnauth, lui, a critiqué l'opposition pour n'avoir même pas pu célébrer cette journée...
Il est très mal placé pour critiquer l'opposition. Nous devions faire notre journée, mais il y a eu le cyclone et on a annulé pour ne mettre personne en danger. Nous n'avons aucun contrôle sur la météo. Puis, il y a les carêmes et les fêtes religieuses qui se succèdent. Nous allons définitivement organiser quelque chose pour les femmes. De plus, nous pouvons le faire quand nous le voulons, pas seulement dans le cadre de cette journée... Je voulais aussi ajouter quelque chose au sujet de Pravind Jugnauth. Souvan, li tap lestoma pou dir ki éna sink madam minis. Mais il faut voir dans quelles circonstances certaines de ces femmes sont devenues ministres. Il a fallu que d'autres ministres hommes soient en disgrâce pour que ces femmes soient choisies. Sont-elles des bouche-trous ? La dernière femme ministre ne restera pas en poste plus de six mois. Et bien sûr, il faut examiner les performances de ces femmes. Leela Devi DookunLuchoomun et sa gestion catastrophique du secteur éducatif ? Le taux de réussite en dit long. Dorine Chukowry, qu'a-t-elle fait pour soulager la corbeille ménagère ?
Je veux aussi profiter de l'occasion pour souhaiter une très bonne fête de la femme à toutes les femmes de Maurice, Rodrigues, Agaléga et St-Brandon. Je leur dis de ne pas se décourager et que le vent du changement arrive...
Parlons des enfants. Les «shelters» sont souvent pointés du doigt. Que disent vos sources à ce sujet ?
Il n'y a pas eu d'amélioration et il n'y en aura pas avec cette ministre. Elle n'est pas sur le terrain et tente par tous les moyens de masquer la vérité. Il y a des failles à plusieurs niveaux dans la scolarité de ces enfants placés dans ces abris. Il y a un manque de matériel, d'équipement, de loisirs. Il y a des enfants qui sont même appelés à se partager les vêtements dans certains shelters. Que fait-on pour eux ?