Madagascar: Ambodilazana Volobe - Michella Maso, la voix de l'espoir dans l'isolation

interview

Michella Maso, première adjointe au maire d'Ambodilazana depuis quatre ans, incarne détermination et engagement dans le développement de sa commune, naviguant habilement entre gestion de conflits et partenariats pour un avenir optimiste. Interview exclusive.

Dans une commune isolée comme Ambodilazana où les infrastructures de base laissent à désirer, comment arrivez-vous à assurer la gestion de votre localité ?

La commune rurale d'Ambodilazana se trouve à environ 40km à vol d'oiseau de Toamasina II. Elle est constituée par 11 fokontany où à peu près 29 000 âmes habitent tout au long du fleuve d'Ivondro. 11 fokontany répartis dans différentes zones très éloignées, un éloignement qui ne facilite pas la gestion et l'administration de toutes les affaires publiques et communautaires.

Nous essayons avec nos équipes de répondre aux besoins de nos populations selon notre capacité qui reste très limitée en termes de moyens. Dans des localités isolées comme Ambodilazana, la mission principale de la commune va au-delà de l'administration et le développement. Nous nous occupons de la sécurité communautaire, de la conservation de l'environnement, et même des conflits familiaux. Tous les déplacements se font à pied. Mais avec ma détermination et grâce au soutien de nos équipes et les populations, cet élan d'engagement est un moteur pour moi de ne pas baisser les bras.

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Vous disposez certainement d'un plan de développement, comment se passe la mise en oeuvre de ce plan dans votre commune ?

Effectivement nous avons notre Plan de développement communal définissant tous les axes stratégiques à dimension multiple. Notre commune est une zone à vocation agricole avec quelques activités de transformation. Célèbre pour la culture des produits de rente, des fruits, du riz pour certaines localités, le délabrement des infrastructures routières ne permet pas aux producteurs de déboucher leurs produits même vers les marchés locaux. Il n'y a que deux options pour faire sortir les produits de la zone : à dos d'hommes puis traverser le fleuve en pirogue.

Cette situation décourage la production et conduit à une économie de subsistance. Cet enclavement impacte aussi le côté social. Pour 11 fokontany, nous n'avons qu'un CSB1, un CSB2 et 2 cases sanitaires. Pourtant nous avons 23 EPP, un CEG et un lycée qui viennent d'être ouverts. Pour faire de la sensibilisation, nous devons faire des jours de marche pour rejoindre les différents fokontany. Nous faisons en sorte que les services publics offerts par notre commune atteignent nos cibles. Les grandes victimes dans tout cela sont les femmes. Améliorer cette situation reste mon leitmotiv malgré la dureté de notre quotidien.

D'ici quelques années, votre petite localité deviendra une zone d'attraction économique grâce à l'implantation du projet d'aménagement hydroélectrique de Volobe. Comment voyez-vous ce changement visible à l'horizon ?

Après plus de 90 ans de Volobe 1, une autre centrale hydroélectrique qui ne profite même pas à notre localité alors qu'elle se trouve à 9 km du chef-lieu de la commune, l'arrivée de Volobe 2 crée une lueur d'espoir pour nous. Différents partenariats ont été développés depuis quelques années sur le plan sanitaire, éducation, gouvernance, amélioration des accès.

Les travaux d'aménagement n'ont pas encore commencé, mais nos populations constatent déjà des impacts positifs. Nous avons hâte de voir cette nouvelle centrale qui va certainement changer notre quotidien. Des routes vont être améliorées et d'autres à construire, un pont va être installé sur le fleuve sans parler de l'arrivée de l'électricité et des différentes sociétés qui vont assurer la construction des travaux.

En tant que femme ayant une lourde responsabilité, pensez-vous que la célébration annuelle du 8 mars signifie que les femmes n'ont pas assez de place dans l'arène des affaires politiques et publiques à Madagascar ?

Nous marquons tous les ans cette journée du 8 mars qui n'est pas une célébration mais une mobilisation pour montrer que les femmes ont des capacités inestimables et qu'il faut les valoriser. Cette année, Madagascar a choisi le thème « Vehivavy miarina sy miray hina, Madagacar mandroso », qui interpelle et qui est vraiment dans le contexte.

Les femmes sont nombreuses, elles sont des actrices à part entière du développement non seulement au sein de leurs familles mais aussi de leur pays. Il n'y a pas beaucoup de femmes dans le paysage des dirigeants et des affaires publiques. Avec humilité, on constate que les communes dirigées par des femmes sont plus performantes. Je ne sais pas si c'est grâce à notre leadership naturel ou notre capacité d'avoir un sens de détails. C'est avec fierté que j'assume mes responsabilités malgré les difficultés que je traverse tout au long de la réalisation de ma mission.

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