Au Mali, la CMAS, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l'imam Mahmoud Dicko, est dissoute. L'annonce en a été faite officiellement mercredi 6 mars, en Conseil des ministres. Mais la CMAS conteste les accusations lancées à son encontre et ne compte pas se laisser faire.
Il y a eu l'Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance, il y a deux mois, l'association Kaoural Renouveau, la semaine dernière. À présent, c'est donc au tour de la CMAS de l'imam Dicko d'être dissoute. Les autorités maliennes de transition accusent l'organisation de chercher à déstabiliser le régime et reprochent à l'imam Dicko, en Algérie depuis fin décembre, ses « rencontres officielles » avec des « puissances étrangères ».
Youssouf Diawara, membre du bureau national de la CMAS, n'est donc pas surpris. « On s'attendait à cela, compte tenu de l'évolution de la situation du pays », pose-t-il d'emblée. « Il y a des restrictions par rapport à la liberté d'expression et à la liberté d'association. Donc, avec les positions que la CMAS est en train de prendre par rapport à la gestion du pays, cela ne nous surprend pas qu'elle soit dissoute », continue-t-il.
Déstabilisation
La CMAS, membre des coalitions d'opposition « Appel du 20 février » et « Synergie d'action pour le Mali », qui rassemblent des partis politiques et des organisations de la société civile, exige notamment une transition civile et l'organisation de l'élection présidentielle. Cette dernière était initialement prévue le mois dernier. Aucune nouvelle date n'a été fixée.
Dans le communiqué du Conseil des ministres, les autorités maliennes de transition accusent la CMAS, « créée en vue d'oeuvrer pour la stabilité et la paix sociale », de « s'être transformée » en « organe politique de déstabilisation » et de « menace pour la sécurité publique ».
Objectifs conformes au récépissé
« Nous ne reconnaissons pas les motifs qui ont été avancés », conteste Youssouf Diawara. « La CMAS, dans son récépissé, est une association à caractère politique. Parmi ses objectifs, il y a la veille citoyenne, la préservation de l'État de droit, la bonne gouvernance, le fait de pouvoir faire des mobilisations citoyennes... La CMAS est toujours restée dans le cadre de ces objectifs, qui sont sur son récépissé. Le fait que nous soyons critiques vis-à-vis de la gestion actuelle du pays, c'est ça qui nous a coûté cette dissolution », regrette-t-il.
Pour autant, pas question de se laisser faire. « Nous avons des voies de recours, que ce soit de façon administrative ou judiciaire. C'est la loi qui le permet et nous allons utiliser ces voies de recours », continue-t-elle.
Retour de l'imam Dicko au Mali
L'imam Mahmoud Dicko est en Algérie depuis le mois de décembre. Il y a reçu des soins médicaux et a rencontré le président Abdelmadjid Tebboune en personne, ce que les autorités de Bamako qualifient d'« activité subversive ».
Récemment, Mahmoud Dicko annonçait son intention de rentrer au Mali. La dissolution de son organisation et les motifs avancés sonnent comme une mise en garde de la part des autorités de transition, avec une menace à peine voilée d'arrestation. Et cela pourrait bien retarder son retour au pays.