Cette année, c'est à Tamatave, la ville côtière de l'est de Madagascar, que les autorités ont choisi d'organiser le 8 mars, déclaré férié pour toutes. Un événement voulu grandiose, populaire et entièrement dédié à célébrer la femme malagasy, ses coutumes et sa place dans la société. Mais le caractère festif de cette journée, certaines militantes le rejettent en bloc.
Une euphorie générale envahit très vite les rues de Tamatave, où des milliers de femmes défilent aux couleurs et aux sons de leurs régions d'origine. Et comme Linda, on se promet une journée exceptionnelle. « Aujourd'hui, c'est ma journée, je suis libre et ce sont les hommes qui s'occupent des enfants. On boit, on danse, on partage notre vie entre femmes, c'est ça l'ambiance. »
Dans la foule, les slogans féministes d'un groupe d'adolescentes détonnent. Ils appellent à réagir et à faire de ce jour autre chose qu'une fête. Ce 8 mars, Cathia, 17 ans, l'aurait voulu plus sobre et combatif. Mais en regardant autour d'elle, elle se sait minoritaire. « Regardez toutes les dames présentes là. Il n'y a pas un seul panneau pour défendre nos droits ou nos causes. Il n'y en a pas ! C'est pour ça qu'on vient avec des panneaux et des phrases assez directes, surtout pour faire un électrochoc au président et à la première dame. »
Pour Haingo Elisette Fomendraja, ministre malgache de la Population et de la Solidarité, cette fête, l'un des plus grands évènements nationaux sur l'île, est justement l'occasion de célébrer le courage de celles qui surmontent les difficultés au quotidien. « Il faut qu'on montre de la joie, qu'on est vivantes. Et même si on traverse beaucoup d'épreuves pendant toute notre vie, il faut qu'on soit solidaire et montrer au monde que la femme est une femme forte à Madagascar. »
Dans la soirée, loin des festivités officielles, de nombreuses femmes et jeunes filles ont continué à célébrer le 8 mars comme elles l'entendent en investissant en masse les lieux de fête de la ville.