Congo-Brazzaville: Conférence - Des femmes s'expriment pour briser la peur et la honte

Vaincre la peur, susciter des vocations et encourager les femmes à sans cesse rêver grand, tel était l'enjeu de la table ronde organisée à Brazzaville par l'Union européenne en partenariat avec l'équipe France, le 7 mars, à l'Institut français du Congo.

Autour du thème « Investir dans les talents. Accélérer le rythme. Réinventer le monde », des femmes scientifiques, entrepreneuses, activistes, chanteuses, sportives, artisanes et agricultrices ont tour à tour pris la parole pour s'exprimer à coeur ouvert sur leurs choix, leurs parcours ainsi que leur engagement et leurs actions en faveur d'un meilleur accès des femmes à leurs droits.

Parmi elles Dello Mita Naomie Merveille, Shadi Kaya Nzusi, Fernande Locko, Nestelia Forest, Mildred Moukenga, Jessy B, Leticia Owao, Line Phamphile Lobaloba, etc. A travers la plupart des interventions, on réalise combien elles ont dû faire preuve de résilience face aux embûches sur leurs chemins. Pour l'Union européenne, comme a pu le rappeler Azaad Mante qui assurait la modération de ce temps de partage, il était très important de mettre en avant des dames et messieurs, « tout le monde » qui arrive à faire bouger les lignes afin de permettre à la société de s'identifier à ses héros et de l'emmener à croire qu'elle aussi en est capable.

Ainsi, plusieurs histoires ont retenu l'attention du public à l'instar de celle de l'artiste musicienne Jessy B, Prix Découvertes Rfi 2023, qui a relaté combien c'était pénible pour elle de réaliser son rêve. En tant que fille d'un artiste, elle s'imaginait pouvoir être encouragée, une fois son talent découvert. Pourtant, ce n'était pas le cas. Pour vivre son rêve, elle devait jongler intelligemment entre sa vie d'écolière et les répétitions entre amis au studio ou encore la réalisation de freestyle.

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C'est à force de persévérance, qu'elle a fini par convaincre ses proches que la musique était ce dans quoi elle voulait se tracer une carrière musicale. Et ce trait de caractère, Shadi Kaya le dégage aussi car celle-ci, contrairement à d'autres femmes, est tombée amoureuse du bois avec lequel elle fait de la menuiserie, de la tapisserie, du design. Fière de sa vocation, elle estime que la seule limite qui peut empêcher une femme de devenir ce qu'elle est, c'est elle-même. Oser et ne pas se fier au stéréotype est son cri d'alarme pour réinventer le monde.

Actuellement, étudiante en première année de thèse doctorale à la Faculté des sciences et techniques en biologie moléculaire et immunologie appliquée, Dello Mita Naomie a failli abandonné à un moment de son parcours. La difficulté à lier la théorie à la pratique faute de matériels pédagogiques au sein de son établissement était la principale cause. De ce fait, elle rêvait d'obtenir une bourse pour poursuivre ses études à l'étranger. Inquiète car ne trouvant pas de bourse, la jeune femme visualisait déjà d'autres options pour son avenir jusqu'à ce qu'elle rencontre le Pr Francine Ntoumi et sa Fondation congolaise pour la recherche médicale (FCRM) qui encourage les femmes à étudier davantage les sciences car représentant un faible nombre par rapport aux hommes.

C'est ainsi que Naomie a repris courage jusqu'à atteindre le stade où elle en est aujourd'hui. « C'est grâce à cette dame que j'ai fini par me rendre compte que c'était aussi possible de faire de la recherche ici au Congo. J'en profite de m'adresser aux autorités de renforcer les capacités au niveau des structures de recherche scientifique déjà existantes comme la FCRM, le Laboratoire national, l'Institut national de recherche en sciences de la santé... et d'améliorer les conditions des chercheurs afin de vitaliser ce secteur », a-t-elle confié.

Présent à cette rencontre, l'ambassadeur de l'Union européenne au Congo, Giacomo Durrazo, s'est félicité de la portée de ces échanges qui aura permis d'écouter des exemples concrets de femmes et aussi d'un homme qui se battent et qui ont abouti à des réalisations très concrètes dans leur engagement pour améliorer la condition de la femme ici au Congo. « J'espère que cette initiative va être utile pour beaucoup d'autres femmes qui vont faire tomber un peu plus la honte et la peur afin de laisser s'exprimer leurs vocations », a-t-il poursuivi.

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