Alors que le monde célèbre la Journée internationale des droits de la femme (JIF), un nouveau rapport publié par le Groupe de la Banque mondiale souligne que les inégalités entre les femmes et les hommes dans le monde du travail sont bien plus importantes qu'on ne le pensait jusqu'ici.
En tenant compte des disparités juridiques ayant trait aux violences et à la garde des enfants, les femmes bénéficient seulement des deux tiers des droits accordés aux hommes. Aucun pays du monde ne garantit l'égalité des chances pour les femmes, pas même les économies les plus riches, révèle aussi le rapport rendu public le 4 mars.
La dernière édition du rapport Les Femmes, l'Entreprise et le Droit dresse en effet un état des lieux complet des obstacles qui empêchent les femmes d'entrer sur le marché du travail et de contribuer à une plus grande prospérité -- pour leur propre bénéfice, mais aussi celui de leurs familles et de leurs communautés. Elle fournit notamment une analyse enrichie grâce à l'intégration de deux nouveaux aspects susceptibles d'élargir ou au contraire restreindre fortement les possibilités des femmes : la sécurité et la protection contre les violences de genre, d'une part, et, d'autre part, l'accès à des services de garde d'enfants. Compte tenu de ces deux indicateurs supplémentaires, les femmes dans les 190 économies étudiées ne bénéficient en moyenne que de 64 % des protections juridiques dont jouissent les hommes. Pour la première fois, le rapport Les Femmes, l'Entreprise et le Droit évalue en effet l'ampleur du fossé entre réformes juridiques et résultats réels pour les femmes.
Les Femmes, l'Entreprise et le Droit évalue en effet l'ampleur du fossé entre réformes juridiques et résultats réels pour les femmes. Cette analyse fait apparaître des failles béantes, car si, à l'aune des lois en vigueur, les femmes disposent d'environ deux tiers des droits reconnus aux hommes, les pays ont en moyenne mis en place moins de 40 % des systèmes nécessaires à une mise en oeuvre complète de ces législations. Par exemple, 98 économies ont des dispositions juridiques imposant une rémunération égale pour un travail de valeur égale, mais 35 seulement parmi elles -- soit moins d'une économie sur cinq -- ont adopté des mesures de transparence salariale ou des mécanismes d'application qui permettent effectivement de résorber les écarts de situation entre les sexes.
Pour être véritablement mis en oeuvre, le corpus législatif en faveur de l'égalité des chances doit s'adosser à un cadre approprié. Cela comprend notamment l'existence de mécanismes solides pour garantir le respect des lois, mais aussi l'instauration de systèmes de suivi des disparités salariales ou encore la disponibilité de services de prise en charge sanitaire destinés aux femmes victimes de violences.
« Les femmes ont le pouvoir de booster une économie mondiale en berne, mais, aux quatre coins du globe, des lois et des pratiques discriminatoires les empêchent de travailler ou de créer des entreprises au même titre que les hommes, souligne Indermit Gill, économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale et premier vice-président pour l'Économie du développement. La résorption de ces inégalités pourrait augmenter le PIB mondial de plus de 20 % et doubler le taux de croissance mondial au cours de la prochaine décennie. Mais les réformes piétinent et le rapport Les Femmes, l'Entreprise et le Droit 2024 décrit comment les gouvernements peuvent accélérer les progrès vers l'égalité des sexes dans le monde du travail et dans la loi. »
Le déficit de mise en oeuvre montre l'ampleur du chemin qui reste à parcourir même dans les pays qui ont légiféré en faveur de l'égalité des chances, déplore le rapport. "Comme au Togo, par exemple, qui arrive en tête du classement en Afrique subsaharienne avec des lois qui confèrent aux femmes environ 77 % des droits reconnus aux hommes, mais qui n'a à ce jour mis en place que 27 % à peine des systèmes nécessaires à leur mise en oeuvre complète (soit un taux correspondant à la moyenne du continent)."