Ile Maurice: Unique ingénieure à Corexsolar International - Un métier électrisant

Le 4 mars, c'était la Journée mondiale de l'ingénierie pour le développement durable, domaine qui a longtemps été considéré comme la chasse gardée des hommes.

Si les temps ont changé - nous n'irons pas jusqu'à dire qu'il faut chercher les ingénieures comme une aiguille dans une botte de foin -, elles y sont tout de même en sous-nombre. Nous en avons trouvé une parmi les neuf ingénieurs employés par Corexsolar International, entreprise spécialisée dans la conception, le développement, la construction et l'exploitation des fermes solaires dans l'île, à des fins de production d'électricité. Akshada Bholah, ingénieure électrique et électronique à la base, parle de son métier qu'elle trouve somme toute électrisant.

Ce sont les sciences et son amour pour la physique, qui ont mis Akshada Bholah, 30 ans, sur cette voie. Rien ne l'y prédisposait puisqu' «il n'y a aucun ingénieur dans la famille», précise-t-elle. Elle est la cadette d'une fratrie de deux. Sa mère travaille au sein du département de stérilisation d'instruments dans un hôpital et son père est petit planteur.

C'est au Sharma Jugdambi SSS qu'elle entame et boucle sa scolarité secondaire. Si au départ, elle pense à faire des études supérieures pour devenir actuaire car elle est forte en mathématiques, elle apprécie aussi beaucoup la physique et ce sont les recherches qu'elle effectue sur le Net qui la poussent vers l'ingénierie. Elle est acceptée à l'université de Maurice en 2012 où elle étudie pendant quatre ans pour obtenir son B(Eng) Electrical and Electronical Engineering, matière qui cadrait mieux avec ses connaissances en physique.

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Akshada Bholah reconnaît que ses études universitaires n'ont pas toujours été une partie de plaisir. «Oui, ces études sont difficiles et il faut faire énormément d'efforts, consacrer beaucoup de temps aux travaux pratiques, revoir la théorie et faire du team work avec les amis. Il me fallait sans cesse repousser mes limites.» Si au départ dans son cours, elles sont plusieurs filles, au fil des années, certaines étudiantes abandonnent la partie, et même des étudiants. Ils changent de filière. Mais Akshada Bholah tient bon.

Entre ses deuxième et troisième années, elle est appelée à effectuer un stage en entreprise et c'est à l'Energy Service Division de Pamplemousses, département tombant sous le ministère des Utilités publiques, qu'elle est acceptée. Elle y conçoit des schémas électriques et accompagne les ingénieurs et le personnel technique sur le terrain, notamment pour évaluer les besoins électriques d'une école en construction à Triolet et ceux d'un gymnase à Rivière-du-Rempart. Elle y est évidemment la seule femme.

Son mémoire de licence porte sur «Power quality disturbances». Elle y identifie les causes principales des perturbations sur le réseau électrique. Le taux de réussite à l'examen final du B(Eng) n'est pas de 100 % mais la jeune femme réussit son examen du premier coup. Elle est recrutée par Hyvec Ltd. A ses débuts comme ingénieur, elle avait un peu de mal à se faire entendre et à s'imposer dans un secteur fortement dominé par les hommes. Mais, elle a fini par trouver sa place et à se faire respecter.

Elle se fait ensuite employer comme Trainee Engineer à Electrical and Control Specialists Ltd où elle reste un an et demi. «C'était très intéressant car j'étais souvent dans l'atelier à concevoir des designs de montages de panneaux électriques.» Elle quitte cette entreprise pour une meilleure offre à Rey & Lenferna Ltd où elle passe trois ans comme Automation Sales Engineer. «Je faisais moins de visites de sites car il me fallait connaître les produits sur le bout des doigts et voir comment les adapter aux besoins des clients.» Entre 2018 et 2020, elle reprend ses études à mi-temps dans l'optique d'obtenir un Masters en Business Administration auprès de l'université de Mancosa, aujourd'hui Honoris Mauritius, et obtient une distinction.

La pandémie du Covid-19 vient ralentir le rythme de toutes les entreprises et à la fin du confinement, elle a le sentiment de stagner. En naviguant sur les réseaux sociaux, elle voit une annonce de Corexsolar International, qui cherchait à recruter un Project Engineer. Elle postule, passe les entretiens et est recrutée en 2022. Elle qui n'a jamais mis les mains dans l'énergie photovoltaïque, suit une formation à cet effet.

«La photovoltaïque n'est pas vraiment difficile. Il faut avoir une base électrique solide pour que la photovoltaïque vienne se greffer dessus.» Son rôle est d'assister les six ingénieurs et de faire de la planification de projets et de quantifier les travaux. Elle fait aussi le suivi entre les contracteurs, les clients et les consultants. «Cela fait beaucoup de réunions techniques.» Elle travaille sur le projet de ferme solaire de Plaine-des-Roches, projet de production de 10 MW d'électricité, développé par Corexsolar International - et sur celui de Le Val Village PV Farm, projet de production de 15 MW d'électricité, qui sera injecté dans le réseau du CEB.

A-t-elle été perturbée par les difficultés de Corexsolar International à trouver un terrain pour son projet de ferme solaire de Rs 5 milliards dans l'optique de produire de l'électricité à être rachetée par le CEB? Pas vraiment, réplique-t-elle, car «je n'ai été impliquée que dans l'étape des préparations de permis pour l'Environment Impact Assessment.»

Ce qu'elle apprécie avec Corexsolar International c'est que cette entreprise donne la chance aux femmes de se faire leur place au soleil. Sur les 24 employés, sept sont des femmes et en sus d'elle, cette compagnie accompagne actuellement deux stagiaires ingénieures, qui ont complété leurs études universitaires. Celles-ci sont Raaisha Sheik Mamode et Yasiirah Sumun. Leur stage sera d'une durée de deux ans et si elles donnent satisfaction, elles rejoindront le personnel de Corexsolar.

Akshada Bholah reconnaît toutefois que l'ingénierie reste un domaine encore fortement dominé par les hommes. «C'est plus challenging pour les femmes. Il n'y a pas vraiment de modèles féminins à suivre et les femmes doivent y trouver leurs marques et se faire leur place. Mais je dois dire qu'à Corexsolar International, nous sommes écoutées et accompagnées.»

Tellement bien que c'est également sur son lieu de travail qu'elle a rencontré l'homme de sa vie, un ingénieur comme elle, qu'elle a épousé. Comme quoi, le courant est bien passé.

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