Ile Maurice: «Faire d'une victime une accusée alors que les vrais suspects n'ont pas été interrogés»

L'affaire de Constituency Clerk fictif entre l'ex-ministre Yogida Sawmynaden et Simla Kistnen se poursuit et de nouveaux développements surgissent à chaque audience, la prochaine étant prévue lundi.

Cependant, l'actualité cette semaine a été marquée par l'arrestation subite de la veuve de Soopramanien Kistnen mardi dernier. Les limiers du Central Criminal Investigation Department (CCID) avaient, disent-ils, besoin d'elle dans l'enquête sur sa plainte logée pour «breach of ICTA» le 30 janvier 2021 au poste de police de Moka. Pour rappel, elle l'avait déposée après que des vidéos sur sa vie privée avaient été diffusées sur les réseaux sociaux, dont la défunte page Facebook «Sun Power», portant ainsi atteinte à sa réputation.

Les hommes de loi de Simla Kistnen dénoncent cette interpellation intempestive. Premièrement, un accord avait déjà été établi entre ses avocats et les enquêteurs du CCID pour qu'elle se présente le 11 mars, car cette semaine, elle irait en pèlerinage à Grand-Bassin dans le cadre de Maha Shivratree. Elle s'apprêtait donc à rejoindre son fils déjà en route pour Grand-Bassin avec son kanwar, mardi, quand des limiers du CCID ont débarqué à son domicile pour la conduire aux Casernes centrales pour l'enquête. «Je me préparais pour aller à Grand-Bassin ; mo garson pe sarye kanwar, je n'ai pas pu le rencontrer ; banla in vinn zwen mwa pou lanket. C'était prévu pour lundi (...) Je me rendais à Grand-Bassin mais j'ai dû faire demi-tour parce qu'ils sont venus me chercher ; il y avait deux hommes et une femme. Ils m'ont dit que j'étais obligée de venir aujourd'hui même. J'ai alors appelé mon avocat (...)», avait expliqué Simla Kisten à la presse à sa sortie des Casernes centrales.

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Les agissements de la police déplorés

Ses hommes de loi, Mes Sanjeev Teeluckdharry, Anoup Goodary et Vimal Rajkoomar, déplorent la façon d'agir de la police et leur manque d'enthousiasme à interroger les vrais accusés dans cette affaire, entre autres. «La dernière déclaration qu'elle (Simla Kistnen) a faite remonte à février. Quelle était l'urgence de l'arrêter chez elle à 14 heures pendant la semaine sacrée de Maha Shivratree ? Nous apprenons qu'ils n'ont même pas interrogé les personnes accusées dans cette affaire; leurs versions n'ont pas été recueillies, on ne leur a pas demandé où ils avaient obtenu les images et les avaient diffusées, cela fait trois ans. Mais ils sont en train de faire de la victime une accusée», a fustigé Me Teeluckdharry.

L'avocat s'est également interrogé sur l'avancement des enquêtes policières dans d'autres aspects relatifs à l'affaire Kistnen, notamment les plaintes de Simla Kistnen auprès de l'ICAC et du CCID, ainsi que le meurtre de son époux. «Il y a eu des travaux judiciaires dans cette affaire et des recommandations de la magistrate. Où en est l'enquête ? Qu'en est-il du cover-up par la police dans cette affaire, du déracinement des caméras de vidéosurveillance, des faux témoins, de l 'affaire procurement ?»

Par ailleurs, des précisions sur des anomalies révélées en cour dans l'affidavit de Simla Kistnen ont été apportées. Pour rappel, lorsque le 23 février 2024, cette dernière a été interrogée et contre-interrogée en cour intermédiaire dans l'affaire de Constituency Clerk, il lui a été rappelé qu'elle avait cité à cinq reprises dans ses déclarations à la police que ce n'est qu'après la mort de son mari qu'elle avait appris qu'elle n'était pas éligible au self-employed financial assistance scheme, étant donné que le National Pensions Scheme (NPS) indiquait qu'elle touchait un salaire.

Cependant, dans un affidavit pour demander un procès privé contre l'ex-ministre Yogida Sawmynanden, il est mentionné qu'après avoir sollicité la MRA et le NPS, Simla Kistnen et son mari avaient été choqués d'apprendre qu'elle travaillait comme Constituency Clerk et touchait un salaire pendant l'année 2020.

Simla Kistnen avait alors précisé en cour que ce paragraphe dans son affidavit était erroné. Me Teeluckdharry a affirmé que la police avait déjà interrogé Simla Kistnen en 2021 pour clarifier cette divergence, qui est une erreur de bonne foi. «Matter is subjudice, laissez le tribunal en décider.» Simla Kistnen a dit de son côté : «Je n'ai pas menti, j'ai peut-être commis une erreur. Mo ti deza dan sok, je venais de perdre mon mari. Ce n'était pas facile pour moi».

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