Niger: Un décret de la présidence abroge les contrôles sur les dépenses liées à la défense

Selon un décret de la présidence du CNSP daté du 23 février dernier, auquel RFI a pu avoir accès dimanche, les dépenses liées à la défense ne subiront plus de contrôles.

L'achat de matériel militaire quel qu'il soit, les services ou travaux réalisés au profit de l'armée, mais aussi de la présidence, ne sont désormais plus soumis à la législation sur les marchés publics et sur la comptabilité publique. Ces dépenses sont également exonérées de taxes, et cela jusqu'à la fin de la période de transition, indique le décret consulté par RFI.

« Ce type de législation [sur la comptabilité et les marchés publics, NDLR] sert à assainir la dépense publique, explique Arthur Banga, chercheur spécialiste des questions de défense et d'armement à l'Université Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan, parce que pendant longtemps, le secret défense mobilisé pour l'acquisition des armes était l'occasion justement de détournements de fonds. Le Niger a connu ce problème, le Mali aussi. Donc de plus en plus, on essaie de contrôler ce qui se passe dans l'achat des équipements matériels. Aujourd'hui, le Niger suppose, par cette décision, que cette étape n'en vaut plus la peine ».

Une décision que la nécessité de la lutte antiterroriste semble cependant justifier : « Cela peut s'expliquer par l'urgence du moment, poursuit Arthur Banga, on estime que l'on gagne du temps pour renforcer les troupes en acquérant plus rapidement et avec moins de procédures du matériel militaire. Mais en revanche, cela ouvre la porte à toute l'opacité que l'on peut avoir justement sur les transactions, sur le contrôle financier, mais aussi sur le contrôle de l'efficacité des matériels qui seront acquis ».

Faut-il faire un lien entre cette décision par décret de la présidence du CNSP et le renforcement de la coopération militaire avec la Russie et l'option d'un possible recours au groupe Wagner ? « Quand vous traitez avec une société militaire privée, ce qu'on appelle des mercenaires, c'est plus intéressant quand il y a moins de traces, moins de contrôles, répond le chercheur. Donc ça peut être une raison. Mais n'oublions pas l'occasion, pour ceux qui seront dans les circuits d'achat d'armes, de s'enrichir sur le dos du contribuable nigérien ».

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