Nigeria: Rapts massifs et répétés au pays - Epreuve de feu supplémentaire pour Bola Tinubu

Des enfants se tiennent debout dans une eau de crue dans l'État de Borno, au Nigeria.

A l'instar de bien des pays de l'Afrique de l'Ouest, le Nigeria a mal à sa sécurité. C'est le moins que l'on puisse dire. En effet, en plus des conflits sanglants qui opposent régulièrement les éleveurs aux agriculteurs, le pays fait face et ce, depuis plus d'une décennie à une insurrection islamiste armée menée par Boko Haram et l'Iswap, qui a coûté la vie à de milliers de personnes. Et ce n'est pas tout. Car au même moment, il y a des bandes criminelles qui, profitant du désordre généralisé qui prévaut dans le pays, se signalent par- endroits, en rajoutant ainsi à la psychose.

Tant et si bien que le Nigeria ressemble finalement à une véritable déglingue où l'on ne sait plus qui fait quoi et pourquoi. A preuve, le kidnapping y est devenu une industrie florissante au point que chaque jour qui passe, on entend parler de femmes et d'enfants portés disparus. Le dernier cas en date remonte au 9 mars dernier où quinze élèves d'une école islamique ont été enlevés dans l'Etat de Sokoto dans le Nord-Ouest du pays. Peu avant, c'est une centaine de femmes qui avaient été kidnappées dans le Borno au moment où l'on déplorait le rapt de 280 élèves dans le Nord-Ouest de Kaduna. Dans le dernier cas, les plus jeunes n'ont que huit ans. Malheureusement, face à la situation, l'armée nigériane semble impuissante. Dépassée qu'elle est par les évènements, elle n'arrive pas à apporter la réponse adéquate.

Le Nigeria reste un géant au pied d'argile

Si fait que d'aucuns n'hésitent pas à l'accuser de complicités avec les auteurs des enlèvements qui, souvent, parviennent à faire chanter les parents de leurs victimes en les contraignant à payer des rançons. Certes, le paiement de rançons, il faut le rappeler, est interdit au Nigeria, mais les uns et les autres n'en ont cure puisque c'est le seul moyen pour eux d'obtenir la libération de leurs proches kidnappés. En tout cas, le défi sécuritaire est si énorme que certains Etats ont décidé de prendre le taureau par les cornes en s'attachant les services de groupes d'autodéfense dont les membres, recrutés localement, sont présentés comme les plus motivés à rétablir la sécurité. Mais en dépit de tout, le Nigeria reste un géant au pied d'argile pour ne pas dire un malade dont le pronostic vital est engagé.

Car, en sus de la crise sécuritaire très grave, le pays est en proie à une crise sociale exacerbée par la vie chère sur fond de conjoncture mondiale. En tout cas, avec ces rapts massifs et répétés, d'aucuns n'hésitent pas à parler d'épreuve de feu supplémentaire pour le président Bola Tinabu. Il a sans doute du mouron à se faire ; lui dont l'arrivée au pouvoir, on s'en souvient, avait suscité beaucoup d'espoirs chez ses compatriotes. Comment va-t-il s'y prendre pour sauver le navire battant pavillon Nigeria qui tangue ? On attend de voir. Et plus tôt, il trouvera la recette magique, mieux cela vaudra. Car, il y va de son intérêt au risque de se faire évincer du pouvoir surtout dans un contexte où l'on assiste au retour en force des coups d'Etat militaires.

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