L'affaire fait grand bruit au Cameroun et est consécutive à la sortie médiatique de la société civile. Des organisations de défense des droits de l'Homme viennent, en effet, de rendre public un rapport pour le moins accablant, sur la situation des droits de l'Homme au pays de Paul Biya, pour l'année 2023. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le bilan qui y est fait, est sombre, au point que ces organisations se sont senti le devoir d'interpeler le pouvoir camerounais.
Dans ce rapport publié « dans un contexte marqué par une instabilité sur le plan politique, économique et social », ces organisations demandent à l'Exécutif d'éviter de traîner les civils devant les tribunaux militaires et d'accélérer les procédures judiciaires en vue de décongestionner les prisons.
Et ce n'est pas tout. Sur le plan socio-politique, elles relèvent la mise à mal des libertés publiques à travers de nombreuses atteintes aux libertés d'expression, de réunions et de manifestations. Une fois de plus, c'est l'image du pays qui en prend un coup. Quelle suite et quel sort le pouvoir camerounais réservera-t-il au contenu dudit rapport ? Le balayera-t-il d'un revers de main, en arguant d'un mensonge éhonté ? Ou se donnera-t-il plutôt le courage et l'humilité de se remettre en cause, de se regarder dans la glace aux fins de rectifier le tir ?
Les faits relevés sont suffisamment graves
En tous les cas, pour autant que les faits dénoncés soient avérés - ils auraient été établis, selon ces ONG, sur des cas documentés - le gouvernement camerounais aurait tort de faire le dos rond ou, pis, de s'installer dans la logique du déni. A moins que tous ces manquements rapportés, participent d'un choix délibéré du pouvoir, destiné au maintien et à la survie du régime et au prix desquels tous les coups seraient permis. En tout état de cause, les faits relevés sont suffisamment graves pour que l'Exécutif y prête la plus grande attention.
D'autant qu'il a sans doute été gêné aux entournures s'il n'a pas vu rouge, quand le linge sale a été étalé devant les diplomates accrédités, solennellement invités à prendre connaissance du rapport. Ces organisations seront-elles, d'une façon ou d'une autre, sanctionnées pour cela ? On attend de voir. Une chose est sûre : les auteurs de ce rapport peuvent s'estimer heureux d'avoir eu au moins une tribune pour s'exprimer, en espérant une suite favorable à leurs recommandations. Sous d'autres cieux, envisager ce genre de coup médiatique, aurait déjà été considéré comme un affront, et comme tel, coûté bonbon à ceux qui en auraient seulement nourri l'idée. Pour le cas camerounais, wait and see, est-on tenté de dire.