Ile Maurice: Éparpillements

Sur le dossier Agaléga, il faut reconnaître que lors des célébrations pour l'inauguration des nouvelles 'facilités', il n'y avait ni signe de militaires, ni signe d'armements. Pas le moindre Poséidon 81. Même pas un petit drone de surveillance avec un rictus aux lèvres... Et qui a vu les cuves de ravitaillement militaire ? C'est pour plus tard ?

Pour affirmer cela, on s'appuie sur le témoignage de journalistes, pourtant inquisitifs et ceux de députés de l'opposition pourtant bien disposés à être des enquiquineurs !

Alors, faute d'avoir jusqu'ici publié l'accord liant Maurice et l'Inde sur ce chantier colossal et en l'absence donc de la transparence TOTALE qui, seule, assurerait l'absence de spéculation, voire de théories de conspiration ; admettons un instant que le quai en eau profonde, les hangars gigantesques, l'hôpital proprement surdimensionné et la piste d'atterrissage de 3 kilomètres de long soient véritablement pour surveiller notre ZEE et pour assurer le bonheur des Agaléens, il faut quand même poser la question clé que voici :

Si nous avons réussi à faire en sorte que l'Inde dépense Rs 14 milliards à Agaléga (selon une question parlementaire en date du 17 octobre 2023, le PM annonçant par ailleurs qu'il ne donnerait de chiffres précis qu'après l'achèvement des travaux d'AFCONS...) essentiellement pour le bonheur de 300 Agaléens, est-ce de l'argent bien dépensé ? N'aurions-nous pas été mieux inspirés de construire une piste d'atterrissage plus courte, un quai en eau moins profonde ? Aurions-nous mieux fait, au vu des défis de notre pays, de demander à 'Mother India' de créer un IIT (Indian Institute of Technology) ici où, mettons, 30/40 % des places auraient pu être mis à la disposition de nos étudiants suffisamment qualifiés (6/7 credits au SC, minimum ?) pour assurer certains avenirs ?

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Il n'y a pas 10 000 choix ! Soit il y a bien une facilité militaire à la clef, même si elle ne sera utilisée qu'occasionnellement et pas pour le moment ; soit encore nous avons plutôt mal mis à profit l'incroyable générosité de l'Inde ! D'autant que les vols commerciaux, un petit peu de tourisme peut-être et même un plan de surveillance des 2,3 millions de km2 de ZEE à partir d'Agaléga, ne semblent pas être proches de devenir bientôt... réalité !

Une école de pensée insiste que les dévots qui convergent vers Grand-Bassin dans le cadre de Maha Shivaratree doivent être libres dans la conception de leur 'kanwar', et dans leurs attitudes vis-à-vis des autres, des lois et même des câbles du CEB à haute tension, puisqu'il s'agit... d'un acte supérieur de piété.

Certains autres soulignent combien cet exercice dérive de plus en plus depuis quelques années prenant plutôt l'air d'un concours de gabarit et d'ingéniosité, plutôt que de se contenter d'être un périple spirituel. Certaines attitudes 'nou ki la !' n'aident pas non plus, même si encore minoritaires.

D'aucuns soulignent le côté folklorique admirable de cette marche, comme celle du Père Laval, qui soude des liens, qui transmet un sens d'accomplissement, qui incarne un grand moment d'abnégation.

Une autre école de pensée persiste à dire que les lois républicaines doivent s'appliquer à tous et que les exceptions sont toujours des recettes pour des dérapages et de l'anarchie.

D'autres pensent que des 'guidelines' nébuleux plutôt que l'application de lois précises à tous, suffisent amplement quand il s'agit de la marche vers Ganga Talao.

D'autres encore suggèrent qu'une des premières priorités de la Task Force pour Maha Shivaratree, un événement qui touche annuellement toute la nation depuis des années, y compris son trafic routier, devrait très certainement être la sécurité des pèlerins.

Ces écoles de pensée ne peuvent, bien sûr, toutes être satisfaites en même temps.

Et c'est bien le flou et l'indécision qui auront mené à deux morts l'an dernier et à une récidive encore plus terrible cette année, causant le trépas de six jeunes et envoyant de multiples autres blessés et brûlés à l'hôpital.

On parle de souffrances et de MORTS. Qui plus est de jeunes, bon Dieu !

SI CHACUN ASSUME SES RESPONSABILITÉS, il n'y aura PLUS de mortalités du même genre ! C'est certain ! Ayant farfouillé encore, par contre, il est temps de demander des comptes à ceux qui sont supposés assumer leurs devoirs et leurs obligations.

Dans une opinion signée par Nicholas Kristof dans le New York Times, celui-ci souligne la vacuité de tous les débats et accrochages sur les contenus, tant des bibliothèques que des cursus, sur des sujets politiquement émotionnels comme l'esclavage, la nudité, le sexe..., les fameux 'culture wars' des États-Unis. Son point est que ces débats oublient l'essentiel, soit le coût éducatif colossal des fermetures d'école, notamment pendant la pandémie, mais aussi, cumulativement, pendant les périodes de mauvais temps ou de perturbations civiles, grèves et émeutes comprises.

Aux États-Unis, on mesure la valeur ajoutée aux élèves à travers l'éducation à travers un «National Report Card» annuel ainsi que des tests PISA. Il y a vraiment de quoi s'inquiéter quand seulement 32 % des 'fourth graders' (9-10 ans) savent lire avec compétence ou quand les écoliers prennent un retard de presque sept mois et demi sur leurs acquis en maths à la suite des fermetures d'école dues au Covid. Remarquez que cela se passe dans un pays où le 'homeschooling' est autrement plus structuré et compréhensif que chez nous ! Qui a mesuré les dégâts équivalents et fait un constat semblable chez nous ?

Chaque journée de fermeture d'école, souvent intempestive, pour alerte cyclonique bidon ou pour alerte de «fortes pluies» ensoleillée ne peut qu'en rajouter aux dégâts pédagogiques qui, c'est prévisible, affectent évidemment plus fortement les couches défavorisées de la population, qui sont souvent déjà en retard et moins équipés/organisés pour des cours de rattrapage sur internet ou pour des leçons «particulières» privées.

Fermer les écoles protège peut-être, hypothétiquement, un enfant de la noyade chaque 10/15 (?) ans, mais aide très certainement à plomber un peu plus l'avenir de dizaines de milliers de nos enfants ! Qui fait le calcul de «coûts/bénéfices» de ce choix capital qui, pour le moment, favorise plutôt le parti des «poules mouillées» ?

Aux États-Unis, le diagnostic indépendant, non politisé annuel où les pass-marks ne sont ni manipulés, ni stigmatisants, révèle qu'environ 1/3 du retard accumulé en maths pendant le Covid, a été rattrapé en 2023. Confirmé par des chercheurs de Stanford et de Harvard, ces résultats sont meilleurs que ceux attendus sur la base de fermetures inopinées précédemment, mais ont été obtenus sur la base d'un budget fédéral spécial de $ 122 milliards pour financer des cours de rattrapage et des 'écoles d'été' ! C'est dire combien le diagnostic, la comparaison et les efforts de rattrapage sont cruciaux, car comme nous le dit Jill Biden, qui possède elle-même un doctorat en éducation : «Any nation that out-educates us will outcompete us» dans le futur. C'est aussi le cas pour nous, vous ne croyez pas ?

À en croire PISA, les pays d'avenir sont Singapour, Macao, Hong Kong, le Japon, la Finlande, la Corée du Sud, l'Estonie, Taïwan, le Canada, l'Australie. Parmi les pays qui ne craignent pas la comparaison, et qui sont actuellement à la traîne, en se battant sans doute pour faire mieux, le Cambodge, le Maroc, les Philippines, le Kosovo.... Maurice reste dans sa bulle et ne se compare pas !

On répète à satiété que nos citoyens sont notre seule matière première. Il faut donc absolument mieux la former, la soutenir et la transformer et le creuset pour le faire c'est indéniablement une école progressiste, sans tabous, ni faux airs, ni faux-semblants.

L'éducation est sans conteste LA priorité des investissements de ce pays, si l'on veut assurer nos avenirs ! Mais on ne réussira jamais ce pari si l'on ne regarde pas les défis en face, si l'on n'a pas le courage de purger les passéistes et les passifs, si l'on ne prend pas le problème par la peau du cou. Qui va mener cette opération fondamentale ? La question reste malheureusement posée...

Le bulletin d'information de BBC WORLD (1575 MHz) a été pendant longtemps à l'heure. Comme il se doit ! Puis, soudain, le bulletin se décale et passe à 8 minutes plus tard, puis même à 16 minutes plus tard que l'heure prévue. Retour à la normale (c.-à-d. le bulletin de 8 : 00 passe à 8 : 00 et ni à 8 : 08, ni à 8 :16) il y a 3 semaines, mais depuis mercredi, on a recommencé avec les 8 minutes de déboitage. Pourquoi ? Dans un pays qui ne cesse de se gargariser du mot 'innovation', en contraste du 'statu quo', en voilà une. Une bien belle ! Énorme et toujours inexpliquée.

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