Le programme « Japan Africa Dream Scholarship » de la Banque africaine de développement investit dans le parcours d'étudiants africains prometteurs des pays membres de la Banque inscrits dans des universités partenaires en Afrique et au Japon, en finançant leurs frais de scolarité, de voyage et d'entretien pour des études de troisième cycle. Ce programme s'aligne sur l'objectif du programme « Compétences pour l'employabilité et la productivité en Afrique » de la Banque, qui vise à accroître l'innovation liée aux besoins d'industrialisation et de développement.
Mary Yeboah Asantewaa, ancienne étudiante boursière du programme, a obtenu son master en gestion de la santé publique à l'université Ritsumeikan Asia Pacific en mai 2023. Nous l'avons interrogée sur son expérience.
Expliquez-nous comment la bourse Japan Africa Dream, financée par le ministère japonais des Finances, vous a préparée à votre emploi actuel chez SORA Technology, une entreprise japonaise implantée au Ghana.
Le programme de bourses Japan Africa Dream a joué un rôle déterminant dans l'élaboration de mon parcours professionnel, en m'offrant la liberté de faire des stages qui correspondaient à mes aspirations et en me fournissant un soutien mensuel pour me faciliter les choses. Cette autonomie a été transformatrice. J'ai découvert SORA Technology, une entreprise dont la mission correspondait parfaitement à mes objectifs d'amélioration de la surveillance de la santé publique en Afrique grâce à l'adoption de technologies innovantes.
Ce choix décisif a permis de faire le lien entre mes connaissances universitaires et les exigences pratiques du monde des affaires. Aujourd'hui, en ma qualité de responsable des activités de SORA Technology en Afrique, je m'appuie sur les bases éducatives complètes données par la bourse Japan Africa Dream pour concevoir et mettre en oeuvre des stratégies commerciales innovantes qui font progresser les technologies de la santé publique sur le continent africain. Cette compétence n'est pas seulement une étape personnelle, mais elle est aussi un témoignage de l'applicabilité et de l'impact dans le monde réel de ma formation financée par la bourse Japan Africa Dream pour relever les défis de la santé publique à l'aide de technologies de pointe.
Vous avez dit par le passé que votre rêve était d'utiliser des drones pour sauver des vies en Afrique. Qu'est-ce que cela signifie ? Dans quelle mesure votre expérience éducative a-t-elle accéléré les progrès vers la réalisation de cet objectif ?
Le rêve d'utiliser des drones ne consiste pas seulement à sauver des vies dans les situations d'urgence, mais il consiste aussi à renforcer fondamentalement les systèmes de santé publique en Afrique. Leur vulnérabilité a été très clairement mise en évidence pendant la pandémie de Covid-19, lorsque les drones sont apparus comme des outils essentiels pour la livraison de fournitures médicales. Mon stage chez SORA Technology m'a ouvert les yeux sur les applications plus larges des drones, qui vont au-delà de la livraison. Ils jouent un rôle essentiel dans la réponse aux défis sanitaires mondiaux, allant des maladies infectieuses aux questions climatiques. Le projet phare actuel de SORA est axé sur la lutte antipaludique rentable. Il suscite l'intérêt de parties prenantes au Ghana, en Sierra Leone, au Togo, en République démocratique du Congo, au Bénin et dans d'autres pays africains. Mes études, financées par la bourse Japan Africa Dream, m'ont permis d'acquérir des bases complètes en matière de gestion et de technologie de la santé publique, et m'ont placé sur une trajectoire qui me permettra d'explorer et de mettre en oeuvre la technologie des drones de façon à avoir un impact profond sur les infrastructures de santé publique et le contrôle des maladies en Afrique.
Cette année, la Journée internationale des droits des femmes a pour thème : « Investir dans les femmes, accélérer le progrès ». Dans quelle mesure ce thème s'applique-t-il à votre expérience dans le cadre de la bourse Japan Africa Dream ?
Le thème de la Journée internationale des droits des femmes 2024, « Investir dans les femmes, accélérer le progrès », résume parfaitement mon parcours dans le cadre de la bourse Japan Africa Dream. Un stage (rémunéré) est une composante essentielle du programme de bourses et a entraîné une série de premières pour moi chez SORA Technology. Je suis devenue la première femme africaine à être officiellement employée et la première femme africaine à rejoindre l'équipe de direction et à militer en faveur de l'innovation dans le domaine de la santé publique. Cette progression souligne l'impact profond de l'investissement dans l'éducation des femmes. Elle affirme la conviction que lorsque les femmes bénéficient des bonnes opportunités, en particulier dans le domaine des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques, elles ne se contentent pas d'occuper des postes ; elles cassent les barrières et ouvrent de nouvelles voies. Mon expérience avec la bourse Japan Africa Dream témoigne de la manière dont des investissements éducatifs ciblés en faveur des femmes peuvent accélérer le progrès sociétal et mener à des contributions significatives dans des domaines où nous sommes sous-représentées.
Certains jeunes ayant une expérience internationale similaire et diplômés en gestion de la santé publique cherchent des opportunités d'emploi en dehors du continent africain. Vous avez choisi de retourner au Ghana, conformément aux conditions de la bourse. Quel est votre sentiment par rapport à cette décision ?
Ma décision de retourner au Ghana et de travailler avec SORA Technologies était motivée par une vision singulière : aider l'Afrique à développer un système robuste de surveillance de la santé publique. En tant que responsable des activités de SORA en Afrique, je souhaitais non seulement rentrer dans mon pays d'origine, mais aussi être pionnière dans l'adoption de solutions innovantes susceptibles de transformer notre infrastructure de soins de santé. Chez SORA Technology, j'ai acquis une meilleure compréhension du besoin crucial de numérisation, de fiabilité, d'efficacité et d'impact dans nos structures de santé, en commençant par le Ghana pour ensuite l'étendre à d'autres pays africains. Cette volonté de changement est alimentée par les connaissances et les compétences que j'ai acquises à l'étranger et que j'étais déterminée à utiliser pour répondre aux besoins urgents de notre continent. SORA est un phare d'innovation et de transformation, poursuivant l'objectif d'élever les systèmes de surveillance de la santé en Afrique au niveau des normes mondiales. Mon choix reflète une croyance profondément ancrée dans le pouvoir de la technologie pour rendre nos systèmes de santé plus efficaces et avec plus d'impact, et pour assurer un avenir plus sain à l'Afrique.
