C'est une campagne au pas de course qui a commencé au Sénégal, raccourcie de deux semaines avant le premier tour de la présidentielle, qui aura lieu le 24 mars. Plusieurs candidats ont lancé ce week-end à Dakar leur caravane électorale, dans l'espoir de convaincre un maximum d'électeurs. Mais le grand absent reste pour l'heure le candidat du parti dissous Pastef, Bassirou Diomaye Faye.
Au Sénégal, après une décision du Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA), Bassirou Diomaye Faye - le numéro 2 du parti dissous Pastef de l'opposant Ousmane Sonko - a été privé de son temps d'antenne à la télévision publique RTS. Le CNRA estime que seul le candidat à la présidentielle peut apparaître sur ces vidéos de campagne qui durent trois minutes, et qui sont diffusés chaque jour sur la chaîne de télévision publique.
Bassirou Diomaye Faye étant toujours en détention préventive, c'est son directeur de campagne, Mustapha Guirassy, qui avait lu face caméra une déclaration signée du candidat. Impossible, répond l'organe de régulation des médias, qui a ordonné à la RTS de retirer la vidéo et qui n'a donc pas été diffusée dimanche comme prévu.
Le Pastef dénonce une atteinte au principe d'égalité entre les candidats et une violation de la loi, car de fait, Bassirou Diomaye Faye est donc privé de la possibilité de présenter son programme chaque jour pendant ces trois minutes. Selon le mandataire du candidat, Amadou Ba, « il n'est mentionné nulle part que seul le candidat doit s'exprimer dans ces fameuses vidéos ».
Il compte « mettre en demeure le directeur du CNRA pour l'obliger à se conformer à la loi » et « saisir la commission électorale nationale pour qu'elle annule la décision de l'organe de régulation », a-t-il annoncé. Il demande aussi à la RTS de diffuser les déclarations des personnalités que choisira le candidat tant qu'il est en prison.
La Cour suprême saisie par le PDS
Le climat politique reste donc électrique dans le pays, avec en parallèle le parti démocratique sénégalais du candidat recalé Karim Wade, qui est sur le point de déposer un recours devant la Cour suprême, pour violation de la loi électorale.
Y sont notamment inclus les deux dispositions suivantes : le fait que le corps électoral doit normalement être convoqué 80 jours avant la présidentielle, et le fait que la campagne électorale du premier tour doit durer 21 jours, ce qui n'est évidemment pas le cas avec une présidentielle le 24 mars.
Le PDS espère que la Cour suprême confirmera cette violation de la loi électorale et rendra le décret de corps électoral caduque. La Cour suprême va-t-elle se déclarer compétente, et ce recours va-t-il avoir un impact sur le calendrier de l'élection ? C'est toute la question, mais selon plusieurs juristes, pour les décrets relatifs à la présidentielle, il n'y a que le Conseil constitutionnel qui est compétent. Or, ce dernier a déjà validé la décision d'organiser le scrutin le 24 mars prochain.