La femme tunisienne a su se forger une solide réputation en tant que femme battante, courageuse et audacieuse. Agricultrices, entrepreneures, responsables, institutrices... Entourées d'hommes supporters et dévoués, les ayant aidées à se frayer un chemin vers le succès, elles ont réussi à mettre la femme tunisienne sur un piédestal. Mbarka Mbarki, fondatrice d'«Oasissia», est une femme de cette trempe. Son ambition illimitée, son amour et son attachement envers sa région natale et sa détermination inégalée l'ont menée vers le succès. Un succès qui devrait, à coup sûr, l'accompagner dans sa future carrière d'entrepreneure.
Etre entrepreneur, c'est avant tout être un aventurier qui aime attaquer les problèmes de front. Et c'est ce qui distingue Mbarka. Elle vient d'être élue meilleure femme entrepreneure de l'année 2024 par le jury de la 9e édition des trophées FET. Une consécration, à juste titre, de ses efforts et de son travail acharné. Fière de ses origines (Tozeur), Mbarki n'hésite pas à se présenter comme étant une enfant du Sud.
Cette terre ensorcelante avec ses oasis luxuriantes et ses palmiers qui prospèrent, comme par magie, dans le désert. «Je suis typiquement une enfant du Sud. D'ailleurs, c'est pour cette raison que j'ai axé mon projet sur la valorisation des déchets des oasis, plus spécifiquement l'extraction d'une huile à partir des noyaux de dattes biologiques», dit-elle avec un ton fier et confiant.
L'idée du projet naquit en 2019, lorsqu'elle suivait une formation professionnelle agricole à Deguech. Titulaire d'un diplôme universitaire en langue anglaise, Mbarka voulait, en effet, réussir sa reconversion professionnelle et mettre à profit une exploitation agricole en sa possession. Le défi n'était pas, à vrai dire, à la portée. Mais ça en valait la peine.
«Au début, je tâtonnais. L'idée était encore à l'état embryonnaire dans mon esprit, et je ne savais pas comment la concrétiser et rendre ce rêve une réalité», raconte-t-elle avec beaucoup d'émotion avant d'ajouter : «Je suis une personne dynamique et l'oisiveté me répugne. Je refuse de rester les bras croisés. Avoir mon propre projet me tenait tellement à coeur que j'ai essayé toutes les pistes et explorer toutes les possibilités avant de jeter mon dévolu sur cette idée de projet».
L'appui est aussi familial
Comment convaincre les gens, les financeurs et la famille de son idée ? La question la taraudait d'autant plus que ce produit ne courait pas les rues en Tunisie. Et pourtant, elle a pris le taureau par les cornes et s'est lancée dans l'aventure.
«J'ai pris la décision de relever ce défi, de découvrir ce produit encore mystère. C'est à ce moment-là que l'aventure a commencé. J'ai dû apprendre sur le tas et surtout découvrir cette nouvelle huile que personne n'a eu l'audace d'inventer. Il faut dire que j'ai eu un coup de foudre avec le produit. Et j'ai décidé de poursuivre ce chemin qui était tout de même semé d'embûches», explique-t-elle.
Inventer un nouveau produit n'est guère une mince affaire. Il faut du courage, mais aussi du temps et de l'argent. Elle a dû commencer à partir de zéro, sans appui financier, sans accompagnement. Elle voulait tellement assouvir sa curiosité et découvrir les secrets encore méconnus de cette potion magique. Deux ans durant, elle a fait toutes les expérimentations et les essais nécessaires pour identifier les procédés de fabrication, mais aussi les vertus et la composition de cette huile.
Les débuts sont toujours difficiles, dites-vous ? Oui évidemment. Mais son histoire atypique raconte aussi la détermination d'une femme issue d'un milieu traditionnaliste qui a décidé de briser les codes. Elle a compté énormément sur l'appui inconditionnel et l'encouragement inébranlable de son mari qui travaillait à l'étranger. «Je salue mon mari qui était aux côtés de moi et qui m'a soutenue tout au long de mon parcours.
Il a consacré tous ses revenus pour m'aider financièrement, à mes débuts. Mon mari travaillait à l'étranger, j'étais donc seule à m'occuper de mon foyer. J'étais à la fois entrepreneure, mère et père. Je voyageais beaucoup et je consacrais beaucoup de temps à mes recherches. J'ai consenti à d'énormes sacrifices pour que ce projet puisse voir le jour. Mais sa présence aujourd'hui, à mes côtés (il est aujourd'hui installé en Tunisie), m'a beaucoup aidée et a allégé le fardeau que je portais sur mes épaules", décrit-elle émue.
Un avenir radieux
Grâce à sa pugnacité, elle a pu convaincre la BTS de financer son projet. Une prouesse qui s'est heurtée par la suite à une autre pierre d'achoppement : la commercialisation du produit. Car, réussir à vendre cette huile sur le marché tunisien était une autre paire de manches : on ne savait pas grand-chose sur cette lotion, même si les Tunisiens sont, généralement, férus de produits biologiques. Hasard ou destin, la crise Covid, qui a malmené un bon nombre d'entrepreneurs, s'est transformée pour Mbarka en une occasion en or pour promouvoir son produit. Aujourd'hui, elle voit grand et ne compte pas en rester là. Elle veut agrandir son entreprise et viser d'autres marchés à l'extérieur. Elle est persuadée que l'avenir lui appartient.