Afrique Centrale: Trentième anniversaire de la Cémac - Une difficile marche vers l'intégration

Créée le 16 mars 1994 à N'Djamena, au Tchad, sur les cendres de l'Union douanière des États de l'Afrique centrale (Udéac), la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac) célèbre cette semaine son trentième anniversaire. Trente ans après, la vision des pères fondateurs de la Cémac peine à se concrétiser en matière de libre circulation des personnes et des biens, d'échanges intra-communautaires, de réformes économiques...

La zone Cémac est considérée comme la sous-région la moins intégrée du continent, avec un système institutionnel bureaucratique. La ratification en octobre 2017 par les États membres de l'accord de 2013 sur la libre circulation des personnes marquait pourtant un pas important vers l'intégration, après la matérialisation du passeport biométrique Cémac selon les normes de l'Organisation de l'aviation civile internationale sur les documents de voyage.

Mais ces directives sur la libre circulation des personnes et des biens ne sont pas souvent suivies sur le terrain. S'il est facile de se déplacer en avion au sein de la sous-région, ce n'est pas le cas pour les citoyens qui choisissent le transport routier. Les détenteurs de passeport Cémac sont obligés de verser des sommes d'argent allant jusqu'à 10 000 FCFA à chaque poste d'immigration ou au passage de frontière. Pire, les autorités de la sous-région continuent de fermer les yeux sur des pratiques qui n'ont que trop duré.

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Il sied de rappeler que le principe de la libre circulation des personnes dans la Cémac est le fruit de laborieuses discussions entre les dirigeants des six États (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad). La Cémac est donc invitée à consolider les acquis de l'intégration pour éviter les erreurs de l'Udéac qui avait acté sans succès en 1972 la libre circulation des personnes, à en croire le récent message du président de la commission Cémac, Baltasar Engonga Edjo'o, lors de la 41e session ordinaire du Conseil des ministres de l'Union économique d'Afrique centrale qui s'est tenue le 22 février à Bangui, en République centrafricaine.

Concernant les échanges intra-communautaires, la sous-région a de nombreux défis à relever. Au moment où la Cémac commémore son trentième anniversaire, le volume des échanges commerciaux intra-communautaires n'excède pas 3%, un niveau encore très faible par rapport aux autres espaces africains. En décidant d'instituer le marché commun de la Cémac, le 16 mars 1999, les pères fondateurs voulaient ériger un espace commercial intégré où circulent librement les marchandises avec des conditions fiscalo-douanières favorables à tous les États membres et au secteur privé.

Sur le plan économique, la situation de l'Afrique centrale reste fragile avec des économies peu diversifiées, en dépit des réformes engagées souvent sous l'égide des institutions de Bretton Woods. Le Programme des réformes économiques et financières (Pref-Cémac) a été mis en place, impliquant la Banque centrale, dans le but de relancer les économies après la crise de 2014. À tout point de vue, quelques progrès ont été accomplis dans ce domaine. « L'évaluation effectuée au premier semestre 2022 fait ressortir un taux de réalisation de 41,9 % par rapport à l'ensemble des objectifs attendus du Pref-Cémac en 2022 », indiquait le président du comité de pilotage du programme, le ministre congolais de l'Économie et des Finances, Jean-Baptiste Ondaye.

Les festivités du trentième anniversaire seront lancées par le chef de l'État centrafricain, Faustin Archange Touadera, président en exercice de la conférence des chefs d'État de la Cémac. Il délivrera son message à la communauté, tout en l'édifiant sur la marche de l'organisation sous-régionale. La Commission Cémac a décidé de célébrer cet anniversaire tout au long de l'année, sur le thème « Trente ans d'expérience de la Cémac au service de l'intégration régionale : bilan et perspectives ».

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