En décidant d'instituer dorénavant une journée des coutumes et traditions au Burkina Faso, chaque 15 mai, le gouvernement burkinabè entend réaffirmer la laïcité de l'Etat et permettre à la religion traditionnelle de retrouver sa place dans la société. Ainsi, l'exécutif marque encore une fois, le désir d'affirmer notre identité culturelle pour mieux appréhender les défis multiples et multiformes qui se posent à nous, dans un monde où la néantisation des identités singulières devient progressivement la norme.
Face à cette globalisation des modes de pensées et d'actions qui préfigure une humanité monotone, cette idée gouvernementale est à saluer, même si, au-delà de la célébration de nos us et coutumes, elle pose en filigrane celle de la nécessaire refondation de notre système éducatif pour en faire un véritable outil d'épanouissement et de développement. Une révolution éducative qui doit avoir donc pour socle cette révolution culturelle, si tant est que la culture offre le moyen d'exprimer sa créativité, de se forger une identité propre et de préserver le sentiment d'appartenance à la communauté.
Il s'agit donc par le biais de l'école, de manifester notre intériorité authentique en évitant de céder au mirage de l'artifice. Face à une culture menacée de dénaturation par les artifices de la « civilisation », il faut se recentrer sans pour autant se complaire dans un passé qui peut être sclérosant. Le passé n'a en effet un rôle et n'est utile que dans la mesure où il est orienté vers l'avenir et est source d'innovation. Il faut récuser l'idée d'une culture toute entière dédiée à la révérence stérile, conservatrice et sans effets sur la capacité des populations à prendre une part active au gouvernement des affaires publiques qui les concernent.
Dans notre quête d'identité, il ne faudrait pas faire du passé un rival du présent et du présent, une imitation plus ou moins futile du passé. Seule l'éducation progressive favorisera cette revitalisation culturelle, contrairement à l'éducation rétrospective qui précipite le déclin de la culture. Si nos autorités ont compris que l'éducation est une fonction sociale et est tributaire du genre de vie qui prévaut dans une société, il va sans dire que ce saut qualitatif que constitue la journée des coutumes et traditions aura des effets bénéfiques pour l'ensemble du corpus social, en remettant au goût du jour nos valeurs multiséculaires actuellement galvaudées. En corrigeant le « biais éducatif », on assistera à une contribution active, effective et dans la durée des membres de la société au développement. Tout un programme.