Au sein du camp de Gondjé, Béatrice se dresse comme une incarnation de l'espoir et de la détermination. Réfugiée centrafricaine ayant trouvé asile au Tchad depuis 2007, elle est devenue une figure emblématique de l'autonomisation des femmes à travers l'agriculture.
Son ambition ? "Je veux être en mesure d'offrir à mes enfants de la nourriture, de soutenir leur scolarisation et d'avoir de quoi m'occuper de moi-même avec les revenus que j'obtiens par la vente des produits de mon champ."
Béatrice, 42 ans, possède la vigueur et le sourire chaleureux d'une femme bien plus jeune. Son secret ? Une passion pour le maraîchage, cultivée avec assiduité depuis plus d'une décennie. Elle raconte avec fierté : "J'ai suivi avec assiduité les formations dispensées par l'ONG World Vision sur les techniques culturales, la gestion des stocks, et la commercialisation des produits maraîchers." Grâce à son dévouement et à l'application des techniques et orientations reçues, Béatrice a transformé son champ en un véritable éden de verdure.
Reconnue pour son engagement et sa réussite, Béatrice a été sélectionnée par le HCR pour recevoir un soutien destiné à agrandir son activité. Depuis 2018, elle bénéficie d'une aide régulière, incluant des intrants agricoles et un encadrement technique, valorisés à environ 100 USD. Cet appui lui permet de cultiver une terre d'un hectare, où elle fait pousser amarantes, tomates, oseille, salades, et bien d'autres légumes. "L'introduction de nouvelles cultures comme les carottes, les betteraves, et les oignons a fortement amélioré mes revenus issus de la vente de produits maraîchers," explique-t-elle avec une évidente satisfaction.
L'année 2023 a marqué un tournant, avec des récoltes exceptionnelles grâce aux produits phytosanitaires et à l'encadrement technique fournis. Béatrice a pu récolter plus de dix fois des légumes dans son champ entre octobre 2023 et février 2024.
© UNHCR/Pambiang Irene FouyabaPour le HCR, il est crucial de cibler les femmes dans les activités génératrices de revenus pour soutenir leur rôle prépondérant dans l'économie rurale. Boy Doudjé, Administrateur National en charge des moyens d'existences et de l'inclusion économique à la Sous-Délégation de l'UNHCR à Goré, département de la Nya Pendé dans le Sud du Tchad, confirme que depuis ces 04 dernières années, le HCR a décidé de réserver une proportion de 70% des cibles des activités génératrices de revenus aux femmes pour des raisons évidentes : « Les femmes représentent un maillon important de la chaîne de résultats des activités productives et génératrices de revenus en milieu rural. Elles sont intimement liées à leurs activités et leur premier réflexe d'utilisation des revenus est de soutenir l'alimentation et l'éducation de leurs enfants et par ricochet, la reconstitution de la dignité de leurs ménages ».
Malgré ces succès, Béatrice est confrontée à des défis de taille, à savoir l'absence de système d'irrigation qui l'oblige à transporter l'eau depuis des distances considérables. A cela s'ajoute l'absence de clôture, exposant son champ aux animaux et au vol. Néanmoins, sa ténacité porte ses fruits. Une bonne partie de ses récoltes est vendue au sein du camp de Gondjé et sur le marché de Goré, lui procurant un revenu mensuel d'environ 240 USD. Cela lui permet de subvenir aux besoins de sa famille, de soutenir son autonomisation et de favoriser son épanouissement.
L'histoire de Béatrice au camp de Gondjé est une source d'inspiration. Elle témoigne de la force de l'esprit humain et de la capacité à surmonter les obstacles pour bâtir un avenir meilleur. C'est une histoire de résilience, de hardiesse et d'espoir, prouvant qu'avec détermination et soutien, il est possible de transformer une vie, un champ à la fois.
