La campagne pour la présidentielle du 24 mars 2024 bat actuellement son plein au Sénégal, après le rendez-vous manqué de fin février. Si le report surprise du scrutin par le chef de l'Etat sortant, Macky Sall, n'avait pas eu lieu, les Sénégalais avaient déjà choisi leur nouveau président et attendaient de le voir à l'oeuvre. Ce n'est malheureusement pas le cas. Après avoir renoncé à un 3e mandat et prétextant par la suite de soucis dans la validation des candidatures à la présidentielle, Macky Sall a momentanément plongé le pays dans l'incertitude, en ajournant le scrutin. Mais, l'intransigeance du Conseil constitutionnel ne lui permettra pas de jouer les prolongations à la tête de l'Etat. Exit ce contretemps, les Sénégalais découvrent à présent les projets de société proposés çà et là par les 19 candidats en liste, après le désistement de la gynécologue et actrice de la société civile, Rose Wardini.
Circonstance oblige, les prétendants au trône ont deux semaines (du 9 au 22 mars) au lieu de 21 jours prévus, pour rallier le plus de voix à leur cause, en vue de triompher dans les urnes. C'est une campagne expresse, qui met entre autres en lumière, des personnalités tels les ex-Premiers ministres, Amadou Bâ, dauphin de Macky Sall et Idrissa Seck, et l'ancien maire de Dakar, Khalifa Sall. Le grand absent, c'est évidemment le médiatique opposant, Ousmane Sonko, empêché par des ennuis judiciaires et dont la candidature a été remplacée par celle de Bassirou Diomaye Faye, un autre cadre de son parti, le PATEF. Tous deux sont en prison et devraient en principe retrouver la liberté, à la suite du vote de la loi d'amnistie sur les délits ou crimes, jugés ou non, se rapportant à des manifestations politiques, sur la période allant de février 2021 à février 2024.
En attendant, les soutiens et membres du PASTEF battent campagne pour leur candidat, espérant le faire quitter derrière les barreaux pour la présidence de la République. Bassirou Diomaye Faye fait d'ailleurs partie des favoris, de même que le dauphin de Macky Sall. Mais à considérer la gouvernance décriée de Macky Sall, accusé du reste d'avoir fait reculer la démocratie et le contexte apparent de soif de changement au Sénégal, le dauphin de Macky Sall doit batailler dur pour l'emporter sur l'opposition. Parmi les 19 candidats, celui qui va afficher une ferme volonté de rompre avec les pratiques politiques de l'ère Sall devrait gagner la faveur des urnes.
Tout concourt à ce que le vent change de direction au pays de la Teranga , tant les Sénégalais veulent manifestement plus de liberté, de démocratie et une vie moins dure. La cherté de la vie domine les débats dans ce pays où de nombreux citoyens vivotent. Il ne faut pas perdre de vue que le Sénégal figure parmi les Etats africains où les prix des denrées de première nécessité ne cessent de grimper. De nombreux espoirs reposent alors sur les épaules du futur chef de l'Etat sénégalais qui n'aura pas la tâche facile dans ce contexte de fortes attentes.