Nadia Matchiko Guimendego, 26 ans, est aux Jeux africains d'Accra pour préparer au mieux les Championnats d'Afrique de judo et les différentes compétitions qui lui permettront de se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris 2024. L'athlète née en France assure bien vivre les attentes en Centrafrique, pays qu'elle a décidé de représenter au plus haut-niveau.
La République centrafricaine (RCA) n'a jamais remporté de médaille aux Jeux olympiques. Et elle y a en moyenne quatre représentants à chaque édition, depuis près de 30 ans. Donc, lorsqu'un athlète a une sérieuse chance de se qualifier directement pour les JO - sans avoir à bénéficier d'une invitation,- cela suscite forcément beaucoup d'espoirs en RCA.
Nadia Matchiko Guimendego, 26 ans, le sait, elle qui est en pole position pour décrocher son billet pour Paris 2024 [1]. Un soutien des Centrafricains qu'elle juge positif. « Je le vis super bien, sourit-elle, à la veille de son entrée en lice aux Jeux africains 2023. Ça fait vraiment plaisir, car je reçois pratiquement tous les jours des messages de soutien. Et je me dis qu'ils sont là pour moi depuis le début et je sais qu'ils seront là quoi qu'il arrive ».
Pour la jeune femme née à Nantes (ouest de la France), défendre les couleurs du pays de ses parents était une vieille idée. « J'ai passé le cap en 2020, détaille-t-elle. J'ai contacté les autorités centrafricaines. Je leur ai dit que j'avais envie de représenter la Centrafrique et ça s'est fait naturellement ».
Un pays qu'elle n'a pourtant découvert qu'en 2020. « Je le connaissais à travers mes parents. J'ai toujours entendu parler le sango [langue très parlée en RCA, Ndlr] quand j'étais petite, explique-t-elle. Quand j'y suis allée pour la première fois et que j'ai rencontré toute ma famille, c'est là où j'ai eu encore plus le déclic. Ce sont mes origines et j'ai cette attache ».
« On est huit enfants et on est tous plus ou moins passés par le judo »
Une double attache même, puisque Nadia Guimendego, est aussi issue d'une famille de judokas. « On est huit enfants et on est tous plus ou moins passés par le judo, raconte-t-elle. Ils sont tous plus ou moins ceinture noire, ceinture marron. Et là, il y a la relève qui arrive avec les nièces et les neveux. Une belle famille de champions ! En fait, j'ai pris exemple sur mes frères qui faisaient des podiums nationaux internationaux et ça m'a inspirée depuis toute petite ».
Après avoir disputé des Mondiaux, Nadia pourrait aussi devenir la première Guimendego aux JO. Une échéance que la médaillée de bronze (-63 kg) aux Championnats d'Afrique 2023 prépare à Nantes, sa ville. Elle bénéficie d'une bourse fournie par le Comité international olympique (CIO), pour cela. Mais cela ne fait pas tout. « J'ai aussi mes économies, souligne-t-elle. Donc je fais avec. Mais c'est vrai qu'avec un soutien de la fédération, du ministère, ça aurait été beaucoup plus facile et ça permettrait d'acquérir de l'expérience, des compétences, de pouvoir faire des stages, d'aller se confronter aux plus grandes. C'est dommage qu'on soit obligé de faire avec nos petits moyens alors qu'on pourrait avoir beaucoup plus et puis ramener plus de médailles ».
Celle qui est coordonnatrice de vie associative à la mairie nantaise prend néanmoins son mal en patience. Car elle est aux portes des Jeux. « Je suis une binationale. Je suis centrafricaine d'origine. Avec le fait de combattre en France, le pays où je suis née, tout serait dans un même endroit, avec le sport que j'aime vraiment. Ce serait génial, immense... Je n'ai pas les mots », conclut-elle, avant d'aller préparer ses premiers Jeux africains.