Ile Maurice: Des questions se posent sur la prévention

Fuites d'huile à répétition, amendes de Rs 25 000 et de gros yeux faits aux pollueurs. Des experts parlent de la nécessité d'alourdir les sanctions dans les cas de négligence

Pour la troisième fois en à peine trois mois, l'estuaire de Terre-Rouge est à nouveau noirci. Une fois de plus, la source de cette catastrophe environnementale semble être un tuyau, ou une valve, qui fait défaut au niveau de l'entreprise Washright Services Ltd. Bien que les autorités estiment que les quantités déversées ne soient pas alarmantes, leur impact sur l'écosystème est loin d'être négligeable. Au tout dé- but de l'année et à nouveau le 21 janvier, il y a eu des fuites de l'ordre de 1 500 litres de fioul. Ce chiffre, bien que préoccupant, n'a pas semblé mobiliser suffisamment l'attention des autorités pour empêcher une nouvelle catastrophe. Pour celle du 11 mars, l'estimation officielle avance une quantité moindre, cette fois, de 1 000 litres de fioul, mais les experts sur le terrain peignent un tableau bien plus sombre de la situation.

1 000 litres seulement ?

Les spécialistes sur place s'accordent à dire que la quantité réellement déversée dans l'estuaire de Terre-Rouge dépasse largement les 1 000 litres. À ce jour, la firme Polygreen, mandatée pour la dépollution, avait déjà pompé pas moins de 22 500 litres d'un mélange d'huile et d'eau. Il est prévu que les opérations de pompage se poursuivent pendant plusieurs jours. Cette indication laisse entre- voir l'ampleur de la pollution.

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Le 21 janvier, en réponse à la fuite d'huile lourde signalée, le ministère de l'Environnement avait procédé à des analyses de l'eau les 22, 26, 27 et 28 janvier, mais celles-ci n'avaient, selon lui, pas révélé la présence d'huile lourde. De plus, les contrôles de l'air ambiant effectués les 26 et 29 janvier n'ont pas détecté d'odeurs suspectes. Ces résultats auraient-ils endormi les autorités ? Ce nouvel événement semble en tout cas les avoir réveillées. Les experts soulignent la nécessité de renforcer la surveillance et la prévention.

La police de Terre-Rouge et celle de Roche-Bois ont lancé une enquête conjointe, en collaboration avec et la police et le ministère de l'Environne- ment. L'objectif est de déterminer les circonstances exactes de la fuite de fioul et d'identifier les responsables de cet acte préjudiciable à l'écosystème de l'estuaire de Terre-Rouge. Un expert en environnement que nous avons contacté parle de la nécessité d'une action et de sanctions plus fermes du ministère de l'Environnement. «Déjà en janvier, il y a eu des déversements similaires, mais qu'en est-il des enquêtes à leur sujet ? Le manque de transparence et d'action concernant ces événements laisse planer des doutes, surtout lorsque l'on considère les conséquences à long terme sur notre écosystème.» On apprend que le ministère envisagerait main- tenant de solliciter l'Attorney General's Office pour obtenir des conseils sur les actions juridiques à entreprendre, conformément à l'Environmental Protection Act et à toute autre loi pertinente.

Un responsable de Polygreen souligne qu'après l'exercice de pompage, la phase de nettoyage sera activée. «Depuis lundi, nous avons déjà activé le plan d'urgence et nous avons déployé plus de 135 mètres de barrières flottantes. Nous avons pu contenir l'huile et l'exercice de pompage se poursuit. L'huile ne s'est pas propagée, mais il faudra nettoyer les rives là où l'huile a déjà pénétré.» Le ministère de l'Environnement analysera-t-il l'effet de la pollution sur le sol ?

Il est indubitable que la répétition de scénarios dévastateurs, tels que des déversements d'huile, est inacceptable. Et pourtant, les entreprises responsables semblent ne s'en tirer qu'avec des amendes légères. L'expert nous rappelle que la zone environnementale affectée ne se remettra pas facilement de ces dommages. «Certaines régions sont déjà irrémédiablement altérées et il est peu probable qu'elles retrouvent leur état initial.» Il fait aussi ressortir que malgré les promesses antérieures, telles que la réactualisation du National Oil Contingency Plan en 2021, peu de progrès tangibles ont été réalisés. Et même si deux ans plus tard, en 2023, un plan d'action provisoire a été produit, son implémentation semble être au point mort.

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