Rwanda: Présidentielle rwandaise - Nouvelle défaite judiciaire pour... Victoire Ingabire

L'opposante rwandaise Victoire Ingabire

Victoire Ingabire ne sera pas candidate à la présidentielle rwandaise du 15 juillet 2024. Ainsi en a décidé la Haute Cour de Nyamirambo, qui a rejeté la demande de l'opposante.

En février dernier, elle avait introduit une requête visant à recouvrer ses droits politiques, notamment celui de pouvoir se présenter à la magistrature suprême. Il n'en sera finalement rien.

Une épreuve de plus pour cette pasionaria de la politique rwandaise dont le chemin est parsemé de mille et un obstacles.

Présente aux Pays-Bas au moment du génocide, cette économiste de formation était rentrée au pays dans l'intention de se présenter à la présidentielle de 2010. Non seulement elle ne sera pas alignée sur la ligne de départ, faute de reconnaissance de son parti, mais en plus elle sera arrêtée et condamnée en 2013 à 15 ans de prison pour «conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre et minimisation du génocide de 1994».

Cinq ans plus tard, elle était bénéficiaire d'une grâce présidentielle, quand Paul Kagame voulait être dans les bonnes grâces des Occidentaux et des droits-de-l'hommistes de tous poils qui s'opposaient farouchement à la candidature de Louise Mushikiwabo au secrétariat général de la Francophonie. «L'homme mince» a dû lâcher un peu du lest, élargissant 2000 prisonniers, parmi lesquels Victoire Ingabire.

Voici donc une nouvelle défaite judiciaire pour Victoire avant même que la bataille présidentielle n'ait véritablement commencé. A quoi pouvait-elle s'attendre, Bon Dieu ?

Elle a beau clamer avoir honoré toutes les contraintes qui lui ont été imposées après la grâce présidentielle en 2018, ce n'était manifestement pas du goût du pouvoir, pour qui la dame ne serait pas restée tranquille dans son petit coin comme il l'aurait souhaité.

Rien d'étonnant dans ce Rwanda de Paul Kagame qui va briguer un quatrième mandat en juillet et gagner haut la main, car on ne voit pas celui qui pourrait lui contester cette prééminence sur la vie politique depuis maintenant trois décennies, au prix de nombreuses atteintes aux droits de l'homme et d'embastillements d'opposants, de journalistes et de militants de la société civile qui n'ont souvent pas d'autre choix que l'exil.

Mais comme c'est Kagame, tout ou presque lui est autorisé. D'abord à cause de l'innommable génocide de 94 qui commémora en avril prochain son trentième anniversaire, ensuite à cause des nombreux acquis qu'on lui attribue volontiers sur les plans économique, environnemental, technologique, etc. Autant de motifs d'absolution pour de nombreux observateurs et analystes de la scène politique rwandaise qui détournent le regard quand il s'agit de pointer du doigt ses méfaits. Pas étonnant d'ailleurs qu'il soit le modèle de nombreuses démocratures, voire de certaines juntes, qui trouvent en lui une source d'inspiration. Ainsi va donc le Rwanda de Kagame qui, après un quart de siècle, ne semble pas encore prêt à faire valoir ses droits à la retraite, quand bien même il aurait laissé entendre que son présent mandat pouvait être le dernier.

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