Ziguinchor — La campagne pour le scrutin présidentiel du 24 mars prochain semble avoir du mal à décoller dans la région de Ziguinchor (sud), dont les populations ne manifestent apparemment pas grand intérêt pour ces joutes électorales.
Cinq jours après le début de la campagne démarrée samedi 9 mars, les populations de Ziguinchor semblent plus préoccupées par le coût de la vie, dans un contexte marqué par le carême et le jeûne musulman.
Beaucoup de personnes interrogées par l'APS disent ne pas être intéressées par cette élection présidentielle initialement prévue le 25 février dernier avant d'être reportée au 15 décembre 2024 et finalement arrêtée pour le 24 mars.
Comme si cette indécision avait lassé, dans la commune de Ziguinchor, rien ne laisse penser à une véritable campagne électorale, ni méga-meetings, ni caravanes ne sont organisés pour intéresser les citoyens.
Ils sont nombreux, les citoyens qui se disent "plus préoccupés par l'inflation galopante", dans un contexte où les fidèles chrétiens et musulmans ont entamé le carême et le ramadan, alors que le coût de la vie continue de préoccuper.
"Je n'ai jamais pensé que ces élections auront lieu. Et jusqu'à présent je suis pessimiste. C'est la campagne électorale la plus morose qu'on ait jamais connue. Actuellement, on est préoccupé par le ramadan", dit Boubacar Diallo, un jeune conducteur de vélo-taxi.
"Les gens sont fatigués et ne croient plus aux politiciens", tranche Boubacar Diallo.
"La vie est très chère. Financièrement, ça ne va pas. Le ramadan est là. Et d'ailleurs, on ne sent pas la campagne à Ziguinchor. À cette heure, les choses devraient bouger pour les vélos-taxis, mais rien", se désole le jeune conducteur de moto "Jakarta".
"À Ziguinchor, seuls les partisans d'Ousmane Sonko sont parfois visibles sur le terrain", fait observer un autre conducteur de vélo taxi, trouvé dans son arrêt en train de laver sa vélo taxi.
Il assure toutefois qu'il va voter si le scrutin se tient. Mais en attendant, au lieu de "passer la journée avec des politiques, je préfère travailler et subvenir à mes besoins".
"Nous sommes fatigués, très fatigués. Tous les prix des denrées alimentaires ont augmenté. Je cherche quoi apporter à la maison durant ce mois béni. Jamais je ne suivrais les politiciens même si je vais voter le jour du scrutin", lance Aissatatou Diabang, une jeune fille vendeuse de poisson au marché Boucotte de Ziguinchor.
Pour Lamine Badiane, à Ziguinchor, "les gens ont déjà en tête leur candidat".
"On attend juste le jour-J pour aller voter et faire triompher notre candidat. Il n'est pas nécessaire de suivre cette campagne très morose. Nous préférons travailler et faire nourrir nos familles. Les temps sont durs", dit Joseph Sagna, un docker trouvé au marché de Boucotte.
"On ne sent pas pour l'instant la campagne à Ziguinchor. Et d'ailleurs on est fatigué de cette politique politicienne. Moi, je préfère travailler et suivre dans la beauté ce mois béni. Je suis préoccupé par le ramadan", déclare Fallou Kane.
M. Kane reste dans l'incertitude et le doute, estimant qu'il n'est sûr que ce scrutin se tiendra à la date indiquée.
Au total donc, la campagne a timidement débuté dans la commune de Ziguinchor, où aucun des dix-neuf candidats à ce scrutin n'a encore foulé le sol de la ville.
Il est toutefois à signaler quelques initiatives par-ci, par-là, comme la caravane organisée mardi soir par des partisans de l'opposant Ousmane Sonko.
Ces inconditionnels du maire de Ziguinchor, détenu depuis fin juillet dernier et dont la candidature n'a pas été validée par le Conseil constitutionnel, arboraient des tee-shirts sur lesquels on peut lire : "Sonko mooy Diomaye".
Le célèbre opposant a en effet appelé à voter Bassirou Diomaye Faye, son lieutenant lui aussi détenu mais autorisé à briguer le suffrage de ses compatriotes par le Conseil constitutionnel.