Ce mercredi 13 mars 2024, c'est au tour du Nigeria d'annoncer la décision de levée des sanctions. Le géant ouest-africain rouvre ses frontières avec son voisin sahélien dès ce jour, et met également fin aux sanctions d'ordre économique.
Lundi 11 mars 2024, lors du démarrage du ramadan, Abba Kabir Yusuf, le gouverneur de Kano avait publiquement demandé l'ouverture de la frontière avec le Niger. C'est dire combien la décision annoncée par Bola Ahmed Tinubu était attendu, pointe notre correspondant à Abuja, Moïse Gomis.
C'est en effet la présidence nigériane qui a détaillé les sanctions prenant fin dès aujourd'hui avec, en premier lieu, la réouverture des frontières terrestres et aériennes avec son voisin. Les contraintes économiques sont également tombées comme les transactions commerciales. Les axes Kano Maradi, Kano Zinder et Maiduguri Diffa ont toujours pesé dans les échanges transfrontaliers entre les deux pays, notamment sur les produits agricoles et le bétail, que le Nigeria importe beaucoup du Niger.
Une bouffée d'air frais aussi pour l'économie nigériane
Selon la base Comtrade des Nations Unies, le Nigeria était en 2022 le 4e fournisseur du Niger, avec presque 8% des importations. Et toujours en 2022, c'était le 3e client avec 16% des exportations nigériennes. D'ailleurs, la fermeture de la frontière a eu un impact direct sur l'inflation de certaines denrées alimentaires au Nigeria, notamment les céréales. Car le Nigeria a souffert en parallèle du chômage technique de centaines de milliers de paysans du nord privés d'accès à leur champ à cause de l'insécurité.
La fourniture d'électricité peut aussi reprendre, alors que la ligne de haute tension partant de la centrale électrique partant de Birnin Kebbi au Nigeria approvisionnait 70% des besoins en électricité au Niger avant la crise. Si le Niger a trouvé des alternatives depuis, la reprise de cette distribution énergétique sera bienvenue également pour le Nigeria en termes de trésorerie.
Les avoirs de l'État sahélien dans les banques centrales de la Cédéao sont dégelés. Le pays peut de nouveau bénéficier de l'assistance des institutions financières de la région. Et les interdictions de voyager pour les membres du gouvernement et leurs familles sont annulées.
Pas de réaction côté Niger
Ces directives interviennent une vingtaine de jours, après le sommet extraordinaire des chefs d'État à Abuja. Un délai normal dans ce genre de procédure, selon une source au sein de la diplomatie du Nigeria. Pour l'instant, les autorités du Niger adoptent la même attitude qu'en février et n'ont pas réagi officiellement à cette annonce.
Suite à la décision de la Cédéao à Abuja, son voisin du Bénin avait immédiatement rouvert sa frontière, mais elle est toujours fermée côté Niger pour raisons de sécurité, avait justifié à RFI une source au sein des autorités de transition.
Des prix anormalement élevés pour les Nigériens alors que commence le ramadan
Au Niger, le prix de certains aliments a parfois triplé ou quadruplé par rapport aux années précédentes. Traditionnellement, la période du ramadan pèse toujours sur le budget des Nigériens. La forte demande entraînant chaque année une hausse des prix et chacun voulant faire son bénéfice, indique le président de l'Association de défense des droits des consommateurs (ADDC).
Mais cette année, remarque Mamane Nouri, les prix avaient déjà augmenté bien avant le ramadan, suite aux sanctions de la Cédéao. Parmi les produits impactés, certaines céréales, notamment le riz, très consommé, plus particulièrement en cette période, malgré la demande des nouvelles autorités, pas toujours appliquée, de plafonner à 13 500 francs CFA (environ 20 euros) le sac de 25 kilos.
Les sanctions contre le Niger sont levées, mais la frontière avec le Bénin reste fermée, côté nigérien. Les produits importés continuent donc d'être acheminés par le Togo et le Burkina Faso. Un trajet plus long et plus couteux qui impacte l'approvisionnement, commente le secrétaire général du syndicat des commerçants, importateurs, exportateurs et grossistes du Niger, Tchambiano Chaibou. La disponibilité des produits s'en trouve réduite, ce qui favorise la hausse des prix.