Madagascar a toujours défendu une diplomatie tous azimuts. En matière de coopération, différents pays affichent maintenant leurs intérêts à développer un partenariat militaire avec la Grande île.

L'ambassadeur turc, Isak Ebrar Çubukçu, a rendu visite au ministre des Forces armées, Monja Delphin Sahivelo, le mercredi 13 mars dernier. Il y a été question de la coopération sur le plan militaire entre la Turquie et Madagascar, selon la dépêche du ministère. Ce partenariat a déjà été évoqué voqué lors de la visite officielle du président de la République, Andry Rajoelina, en Turquie, au début de ce mois de mars.

Le principe d'un accord de coopération générale, dont une partie militaire, a déjà été acquis à l'occasion de l'entretien du chef de l'État avec son homologue turque Recep Tayyip Erdogan. En effet, la rencontre de l'ambassadeur turc avec le ministre des Forces armées pourrait enclencher toutes les démarches de concrétisation de cette coopération sur le plan militaire. La Turquie, visiblement, cherche à élargir son influence au-delà de son territoire traditionnellement ancré au Moyen-Orient. Madagascar, en tout cas, peut offrir une opportunité stratégique pour la Turquie de s'impliquer dans les affaires régionales de l'Océan Indien et de consolider sa position en tant qu'acteur sur la scène mondiale aux côtés des autres pays émergents.

Influence croissante

Dans un paysage géopolitique en constante évolution, l'intérêt des pays comme la Turquie, pour une coopération militaire avec Madagascar attire l'attention sur de nouveaux enjeux mondiaux. En sachant que la Russie lorgne aussi sur la Grande île pour décrocher une coopération militaire. Le 19 février dernier, l'ambassadeur russe, Andrey Andreev, qui s'est, lui aussi, rendu au bureau du ministre des Forces armées, a réitéré auprès de ce membre du gouvernement les discussions déjà entamées concernant le dépoussiérage du dossier de coopération militaire entre les deux pays.

En 2019, le principe d'un accord de coopération militaire avec la Russie a été conclu par l'ancien ministre Richard Rakotonirina. L'ambassadeur russe compte ainsi relancer le sujet auprès du nouveau locataire d'Ampahibe pour avancer dans la réalisation. La Russie, quant à elle, voit dans Madagascar une opportunité de renforcer sa présence dans l'Océan Indien, une région où elle cherche à contrer l'influence croissante des puissances occidentales et à protéger ses intérêts géostratégiques.

Isolement diplomatique

Ces démarches soulignent les dynamiques émergentes dans les relations internationales. L'Iran, également, tente de tirer son épingle du jeu. Le 07 février dernier, l'ambassadeur iranien, Ali Bakhshi Hassan, figure parmi les premiers diplomates qui ont rendu visite au nouveau ministre des Forces armées, Monja Delphin Sahivelo. L'ambassadeur iranien, selon les informations fournies par le ministre, a manifesté l'intérêt de son pays de développer une coopération militaire avec Madagascar. Pour l'Iran, en particulier, une coopération avec Madagascar pourrait offrir des avantages stratégiques en contournant les sanctions économiques imposées par les États-Unis et leurs alliés.

En s'associant à d'autres acteurs régionaux, l'Iran cherche à consolider son influence et à contrer l'isolement diplomatique. Il va sans dire que Madagascar, une île d'une importance stratégique dans l'Océan Indien, attire désormais l'attention de ces pays qui entendent peser sur l'échiquier international. Alors que les tensions avec les puissances occidentales persistent, ces pays cherchent à diversifier leurs partenariats et à renforcer leurs positions sur la scène internationale en faisant les yeux doux au gouvernement malgache.