Afrique: Dr Tony Eyéni - « Nous voulons évaluer l'importance de l'insuffisance rénale au sein de la population »

interview

L'Insuffisance rénale est une maladie qui tue dans le silence, range les reins comme un poison. Ainsi, le Programme national de lutte contre l'insuffisance rénale (PNLIR) a lancé la campagne pour mieux sensibiliser la population.

A cela s'ajoute le dépistage afin de permettre à ce programme d'avoir des données fiables sur les personnes souffrant de cette pathologie. Le Dr Tony Eyéni, médecin néphrologue et coordonnateur du programme, évoque à notre rédaction les facteurs de risque et le sens de cette campagne.

Pouvez-vous nous parler de l'insuffisance rénale ?

Ce sont les reins qui deviennent défaillants ; ils ne fonctionnent plus. Les reins sont les deux machines à laver du sang. Leur objectif c'est de nettoyer le sang 24h/24. Quand ils ne marchent pas, la saleté commence à s'accumuler dans le sang. Cela rend malade.

Lesquels sont concernés par l'insuffisance rénale ?

Tous les âges sont concernés. Dans le contexte congolais, la tranche est comprise entre 25 et 50 ans y compris les enfants de 5 ans. La catégorie d'âge la plus touchée c'est entre 25 et 50 ans, suivie de la tranche de 18 et 25 ans qui est de plus en plus concernée. Les jeunes sont exposés à l'insuffisance rénale parce qu'ils prennent des substances fortes : les Ibucap, les Tramadol et toute sorte d'anti-inflammatoires. Comme ce sont des médicaments qui sont des antidouleurs, ça soulage énormément et créent une dépendance. En dehors de cela, les gens font des mélanges des Tramadol avec des boissons énergisantes. Nous recevons beaucoup de cas de ce type de malades.

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Vous lancez une campagne de sensibilisation à l'insuffisance rénale dans la ville de Brazzaville. Peut-on dire qu'elle intègre tous ces aspects ?

La campagne de sensibilisation que nous lançons a pour objectif principal de sensibiliser la population. C'est même la raison d'être du PNLIR. Le gouvernement a constaté que cette maladie commence à prendre de l'ampleur mais est peu connue de la population. L'autre objectif c'est le dépistage pour évaluer l'importance de l'insuffisance rénale au sein de la population et surtout de ses facteurs de risque. Par-dessus tout, c'est d'obtenir des données fiables.

Le thème de cette sensibilisation c'est l' « Insuffisance rénale, un poison silencieux ». En quoi l'est-elle ?

Les gens nous ont fait la remarque sur ce thème. C'est comme si quelqu'un prenait quelque chose de l'extérieur. Non. C'est vraiment ça. En médecine, nous disons « Ignorer l'insuffisance rénale c'est s'empoisonner en silence ». Lorsque nous menons nos activités, lorsque nous mangeons et de la même manière que nous transpirons de l'extérieur, les organes internes qui fonctionnent, le coeur, les poumons, les intestins par lesquels nous vivons, transpirent aussi. Ce qui transpire ce sont des déchets des toxines qui finissent par se retrouver dans le sang.

Et les reins épurent toutes ces toxines pour les mettre dans les urines pour qu'elles sortent de l'organisme. Toutes ces toxines qui sont mortelles vont s'acculer dans le sang et la personne meurt de ces intoxications que les reins n'ont pas pu éliminer. Pour nous, c'est un poison. Nous disons poison silencieux parce que quand cela s'accumule, la personne ne sait pas. Et quand nous découvrons la maladie, c'est déjà trop tard. A ce moment-là, la médecine ne peut rien faire si ce n'est pas la dialyse.

Mais la dialyse n'est pas répandue au Congo...

Le traitement de cette maladie ce n'est pas seulement la dialyse. C'est le traitement d'une insuffisance rénale qui a été découverte en retard. Quand les médecins disent qu'il faut dialyser le malade, c'est un échec. C'est que l'information ne passe pas. Certes, la dialyse sauve des vies, mais il vaut mieux l'éviter. Je pense qu'il faut une bonne politique pour l'extension des centres de dialyse.

NDLR : Cette campagne qui a débuté le 14 mars se déroule dans les districts sanitaires de Brazzaville, à savoir les centres de santé intégrés Marien-Ngouabi de Talangaï et de Moukondo, à Bissita, Makélékélé et Jeanne Viale. Le Dr Tony Eyéni invite les Congolais à venir se faire dépister en masse.

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