Soudan: Il est urgent d'agir face à la crise de la faim

communiqué de presse

New York — Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait prendre des mesures visant à débloquer l'accès à l'aide humanitaire

Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres s'apprête à aviser le Conseil de sécurité dans les prochains jours que le Soudan est entré dans une spirale descendante de faim extrême provoquée par le conflit en cours, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Le Conseil devrait agir immédiatement, notamment en adoptant des sanctions ciblées contre les individus responsables d'avoir entravé l'accès de l'aide au Darfour.

« Le Conseil de sécurité sera officiellement avisé que le conflit au Soudan risque de déclencher la pire crise alimentaire au monde », a déclaré Akshaya Kumar, directrice du plaidoyer sur les situations de crise à Human Rights Watch. « Le Conseil a rompu des mois de silence la semaine dernière en adoptant une résolution sur le Soudan, et devrait y donner suite en imposant des conséquences aux individus qui empêchent l'aide d'arriver aux personnes qui en ont besoin. »

L'alerte sera envoyée au Conseil sous la forme d'une « Note blanche » rédigée par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), conformément à la résolution 2417 (2018) du Conseil de sécurité, qui demandait au Secrétaire général de l'ONU de « l'informer promptement [...] de risques de famine et d'insécurité alimentaire généralisée ». L'alerte d'OCHA fera suite aux avertissements d'experts internationaux en matière d'aide humanitaire, de dirigeants de la société civile soudanaise et d'intervenants d'urgence soudanais, selon lesquels des personnes à travers le Soudan meurent de faim. La Note blanche fera également suite à l'intensification éhontée des actions des Forces armées soudanaises (SAF) limitant l'acheminement d'aide humanitaire.

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Dans une déclaration de 2023, le Président du Conseil de sécurité avait souligné la volonté du Conseil de « fermement prêter toute l'attention voulue » aux informations communiquées par le Secrétaire général au sujet de situations d'insécurité alimentaire engendrées par des conflits. Le Conseil devrait honorer cet engagement et convoquer une réunion ouverte pour discuter des conclusions d'OCHA. Cela pourrait ouvrir la voie à une action décisive, notamment à des sanctions contre les individus responsables d'obstruction à l'acheminement de l'aide, a déclaré Human Rights Watch.

Depuis que le conflit a éclaté entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les paramilitaires Forces de soutien rapide (RSF) en avril 2023, les deux parties belligérantes ont restreint l'acheminement, l'accès et la distribution de l'aide. Quatre-vingt-dix pour cent des Soudanais confrontés à des niveaux d'urgence liés à la faim se trouvent dans des zones « largement inaccessibles » au Programme alimentaire mondial. « Les communautés [au Soudan] sont au bord de la famine parce que nous ne pouvons pas atteindre un grand nombre d'enfants, de femmes et de familles dans le besoin », selon la directrice générale de l'UNICEF, Catherine Russell.

La récente Résolution 2724 du Conseil de sécurité concernant le Soudan appelle toutes les parties au conflit à « faire en sorte que tous les obstacles existants soient levés et à permettre un accès humanitaire complet, rapide, durable, sûr et sans entrave, y compris d'un côté à l'autre des frontières et des lignes de front, [et] à s'acquitter des obligations mises à leur charge par le droit international humanitaire ». Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a déclaré ceci : « Le refus apparemment délibéré d'accorder aux organismes humanitaires un accès sûr et sans entrave au Soudan constitue une violation grave du droit international, et peut être assimilé à un crime de guerre. »

Le Comité des sanctions contre le Soudan du Conseil de sécurité s'est réuni en février, rappelant aux parties au conflit que « les auteurs de violations du droit international humanitaire ou d'autres atrocités seront passibles de mesures de sanction ciblées conformément à l'alinéa c) du paragraphe 3 de la résolution 1591 (2005) ».

Au Darfour, la société civile et les dirigeants locaux ont tiré la sonnette d'alarme à plusieurs reprises sur la faim parmi les personnes déplacées vivant dans les camps situés dans les zones contrôlées par les forces RSF. Des dirigeants locaux ont signalé que leurs communautés ont eu recours à la consommation de fourmis, d'écorces d'arbres et d'aliments pour animaux. Parmi les personnes actuellement présentes au Darfour occidental figurent des survivants des vagues d'attaques menées par les RSF et leurs milices alliées, que Human Rights Watch a décrites comme ayant les « caractéristiques d'une campagne organisée d'atrocités contre les civils massalits ». Un responsable du gouvernement local a rapporté début mars que 22 enfants étaient morts de faim à Murnei, une ville de l'ouest du Darfour qui a été le théâtre d'horribles attaques des forces RSF en juin 2023.

 

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