Dans la Marche vers Pâques, le Père Ely Assogba, du diocèse de Tambacounda, demande aux fidèles chrétiens d'agir à travers la conversion des coeurs et de l'esprit, la prière et le partage. De tels exercices doivent passer par le pardon, l'amour envers son prochain mais aussi la foi en Dieu. Selon le religieux, la finalité de la vie de foi est le salut éternel. C'est la raison de l'oeuvre de salut accomplie par Jésus Christ sur la croix. Et c'est ce que les chrétiens commémorent chaque année à la fête de Pâques qui, plus qu'un souvenir, est une «mémoire». Pour bien faire cet effort de «mémoire», il déclare que l'Eglise se donne le Temps de Carême, à ne pas confondre avec Ramadan de nos frères musulmans. Enseignement !
«En effet, le Carême est ce temps de grâce pendant lequel nous sommes invités à revenir au Seigneur selon les paroles du Prophète Joël : «revenez à moi de tout votre coeur, dans le jeûne, les larmes et le deuil» (Jl 2, 12) et à nous préparer pour célébrer la victoire de Jésus sur la mort et par ricochet notre victoire sur le mal. Le Carême est donc ce temps de conversion, d'action et de joie au cours duquel nous nous entrainons au combat spirituel en vue de notre libération.
1- Le Carême un temps de conversion
La Bible définit la relation entre Dieu et l'homme créé à son image et à sa ressemblance en termes d'ALLIANCE. On peut citer l'alliance avec Noé, avec Abraham, avec Moïse dans l'Ancien Testament. Toutes ses alliances ont pour but de ramener l'homme à sa vocation première, celle de vivre dans la présence de Dieu. Malheureusement chacune de ces alliances a été rompue par l'infidélité de l'homme qui se laisse attirer par d'autres appels que celui de son Créateur. Se convertir, c'est revenir des voies sur lesquelles l'homme s'est égaré. Il s'agit de renoncer à la rébellion contre Dieu et son Eglise et de s'attacher à faire le bien.
Dans ce monde qui prône les contre-valeurs à la place des valeurs universelles et pérennes, le chrétien est invité à un véritable examen de conscience. Ainsi pourra-t-il faire l'expérience de l'Enfant prodige (Cf. Luc 15, 11-32). Revenir à la maison, recouvrer sa place, se sentir de nouveau aimer et pardonner. Faire l'expérience de la miséricorde de Dieu donne une énergie nouvelle qui relance et stimule notre marche à la suite du Christ.
2- Le Carême un temps d'action
Lorsqu'on lit l'Evangile proposé pour le Mercredi de Cendre où nous commençons le Temps de Carême, on se rend vite compte qu'il s'agit d'un temps d'action. En effet on y lit : «Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l'accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer» (Mt, 6, 1). Il y a donc des choses qu'on peut faire pour devenir juste, pour avoir le salut. On est tenté de se demander quelles sont donc ces choses ? La suite du texte donne les exemples de l'aumône, de la prière et du jeûne en mettant l'accent non pas sur ces choses elles-mêmes, mais sur la manière de les pratiquer. On peut ajouter beaucoup d'autres choses telles que lorsque vous aimez, lorsque vous pardonnez etc.
Le pape François, dans son message de Carême 2024 invite à l'action. Il dit à ce propos : «Il est temps d'agir, et durant le Carême, agir c'est aussi s'arrêter. S'arrêter en prière, pour accueillir la Parole de Dieu, et s'arrêter comme le Samaritain, en présence du frère blessé.» Oui, le Temps de Carême est un temps d'actions concrètes pour parcourir le chemin vers Pâques, c'est-à-dire le chemin de la victoire sur le mal et sur la mort. Les actions auxquelles nous sommes invitées ne doivent pas s'arrêter à nous-mêmes et notre petit monde. Elles doivent nous tourner vers le monde dans son ensemble.
Ainsi le chrétien ne peut être indifférent aux nombreuses situations de guerre, d'injustice, de manipulation, de corruption, d'abus d'autorité et de pouvoir... Il refuse d'accepter ces situations comme une fatalité. Il se sent investi, comme Jean Baptiste pour dire à Hérode qu'il n'a pas le droit de prendre la femme de son frère, même si cela peut lui couter la vie. Il se sent comme le Christ prêt à prendre le parti des pauvres et vulnérables pour leur restituer la dignité, au prix de sa vie.
3- Le Carême un temps de joie
Luc 15, 10 affirme : «Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit.» On définit la repentance comme la volonté d'assumer les conséquences d'actes condamnables commis par le passé, accompagnée de l'engagement ferme à ne plus recommencer. C'est ce que nous exprimons dans la prière de l'acte de contrition. Elle est source de joie et de bonheur. Le temps carême devient un temps de joie par qu'il offre l'occasion de la vraie joie, celle du retour au Seigneur notre Dieu.
Les chrétiens ne se promènent donc pas avec un visage défait, une triste mine mais plutôt ils se lavent le visage et se parfument la tête pour faire correspondre leur apparence extérieure avec la joie qui habite leur coeur.
En définitive, la foi nous pousse à un renouvèlement permanant de notre relation avec Dieu et avec les autres. Le carême se veut un moment propice pour cela. L'ambiance si prête et les conditions sont réunies avec les prières et les actes de dévotions qui nous sont proposés. Chacun pourra, après un examen de conscience, choisir un effort de carême concret afin d'arriver à Pâques dans la joie d'être libéré par Dieu, d'avoir vaincu un mal qui est en lui, d'avoir pris l'ascendance sur une mauvaise habitude... Que l'Esprit Saint qui fait toutes choses nouvelles nous conduise vers la liberté en Christ et guide nos pas vers le Royaume.»