Au Gabon, un groupe d'importants partis politiques, syndicats et organisations de la société civile ont demandé un report du dialogue national. Ce rendez-vous crucial pour l'avenir du pays, sept mois après le coup d'État, est prévu du 2 au 30 avril et doit aboutir à de profondes réformes politiques, juridiques et sociétales du pays mais son organisation et son format, contenus dans un décret présidentiel publié il y a une semaine, sont contestés.
La plateforme Action Patriotique pour le Gabon (APG) a remis vendredi un mémorandum à l'archevêque de Libreville, nommé pour présider le dialogue. Selon l'APG, le décret présidentiel a fait naître des tensions et il faut absolument « calmer le jeu, éviter l'escalade ».
À deux semaines du dialogue national, la plateforme a donc présenté ses doléances à Monseigneur Iba-Ba. Dans son mémorandum consulté par RFI, le groupe a dit regretter que le dialogue n'ait pas de caractère souverain malgré les promesses du président Oligui Nguema.
L'organisation a aussi fait part de ses « vives inquiétudes » sur la sélection des participants, notamment le fait que le général choisisse « in fine » qui viendra, dénonçant là une « immixtion dans l'indépendance des partis et des associations ».
L'APG demande donc que le décret présidentiel soit annulé et que le dialogue soit reporté. Pour finir, il souhaite qu'une instance préparatoire indépendante soit formée afin de revoir l'organisation. Le tout pour « apaiser les coeurs et redonner confiance en la transition », dit le mémorandum.
L'archevêque aurait promis de transmettre au président Brice Oligui Nguema et de consulter les ministères concernés. « Ce dialogue est préparé unilatéralement par la junte qui fait le tri des participants. Ceux qui ne jouent pas le jeu sont écartés. Et au final, tout semble fait pour que les militaires conservent le pouvoir », estime un activiste présent vendredi, ajoutant que si rien n'évoluait, son organisation boycotterait le dialogue.