Pour la première fois en Libye, la présence d'une société sécuritaire privée américaine est signalée à Tripoli. Son but est de procurer des formations militaires aux groupes armés afin de les intégrer dans les forces officielles de l'État.
Il s'agit de la société américaine Amentum, active dans le domaine de la sécurité et affiliée au département d'État américain et à la défense. Créée en 2020, elle succède à l'entreprise militaire DynCorp qui travaillait également avec les deux ministères et qui a dispensé des formations aux forces sécuritaires en Irak et en Afghanistan entre-autres.
Amentum indique sur son site qu'elle a élaboré en 2023, pour le compte du département d'État, un programme pour l'Afrique. Sa présence en Somalie et au Bénin est affichée, mais pas en Libye. Or, Amentum reposerait en Libye sur un contrat avec le gouvernement Dbeibah et ses hommes seraient à la base militaire Maitigua à Tripoli, désormais vidée de la présence des milices.
« Contrer la présence russe »
Abdelhakim Bayou, candidat à la présidentielle, partage l'avis de plusieurs chercheurs libyens. Il considère que « cette activité américaine intense à Tripoli vise à contrer la présence russe auprès du camp de l'est libyen ». De son côté, Mohamed al-Mazoghi, homme politique, inscrit ces développements dans le cadre d'un « dispositif sécuritaire global qui vise à éloigner les milices du lieu de la décision politique » avant l'installation d'un nouveau gouvernement d'union nationale.
L'appel, la semaine dernière, du ministre de l'Intérieur, Imad Trabelsi, à la création d'une force commune entre est et ouest pour sécuriser le sud libyen, zone de forte présence de mercenaires russes, pourrait également s'inscrire dans ce cadre.
Parallèlement Les États-Unis multiplient les rencontres publiques et secrètes avec les responsables politiques et militaires libyens à Tripoli. Selon le compte X de l'ambassade américaine, ses diplomates et militaires s'emploient actuellement à l'unification des groupes armés à Tripoli. Du côté libyen, le projet d'intégration des milices dans les forces régulières est à pied d’œuvre. Ces groupes armés ont déjà reçu l'ordre de sortir de la capitale.