En Gambie, le Parlement doit reprendre, ce lundi 18 mars, l'examen d'une proposition de loi prévoyant la légalisation de l'excision. L'examen de ce texte, déposé par un élu d'opposition, avait été renvoyé à une seconde lecture, il y a deux semaines.
La Gambie a interdit les mutilations génitales féminines en 2015 sous la présidence de l'ancien président gambien, Yahya Jammeh, aujourd'hui en exil.
L'Assemblée nationale a commencé l'examen du texte levant l'interdiction des mutilations génitales féminines, le 4 mars, date à laquelle le parlementaire Almameh Gibba a introduit la proposition de loi, en première lecture. L'examen a ensuite été renvoyé à une seconde lecture prévue ce lundi 18 mars.
Dix ans après son interdiction, le débat actuel sur la dépénalisation de l'excision montre que les droits des femmes sont toujours menacés, selon la juriste et défenseure des droits humains, Fatou Jagne Senghor, jointe par RFI.
« Cibler les femmes de manière aussi violente, cela nous inquiète beaucoup », insiste-t-elle, même si elle estime qu'une adoption du texte est peu probable.
Je suis outrée, choquée par l'introduction de cette proposition de loi. Et le débat autour de l'excision, presque toujours guidé par des hommes. Ce sont des religieux, des hommes politiques qui mènent la bataille pour nous faire revenir en arrière et c'est inacceptable.
« Tout le monde sait que l'excision est vraiment une violation grave de l'intégrité physique et mentale des femmes et donc c'est vraiment un grand recul pour les droits des femmes », poursuit notre interlocutrice.
« C'est aussi un recul pour la démocratie, considère Fatou Jagne Senghor, tout simplement parce que les droits des femmes constituent un des piliers de la démocratie. Il faut rappeler que les femmes gambiennes ont joué un rôle important dans la lutte contre la dictature. La transition que nous avons eue, c'est aussi l'oeuvre des femmes. »
« Donc, cibler les femmes de manière aussi violente, cela nous inquiète beaucoup, mais je pense que le combat doit continuer pour que les femmes puissent rester debout et avancer », conclut la juriste et défenseure des droits humains.