Le wake-up taekwondo woman organisé samedi, au Cscticao, par la commission chargée de la promotion du taekwondo féminin, a été enrichissant à tous les niveaux. Au-delà de la sensibilisation des femmes à la pratique du taekwondo, Cynthia Kragbé, Ceinture noire, 4e Dan et professeur de taekwondo a enfin donné la réponse à la question qui taraudait l'esprit de bon nombre de taekwondo-in et d'amoureux de cet art martial.
Pour tous ceux qui n'ont pas compris pourquoi la plus belle pratiquante de taekwondo in ivoirienne a quitté le dojan, Cynthia a été plus claire. Les larmes aux yeux, devant une cinquantaine de femmes et du président de la Fédération ivoirienne de taekwondo, Jean-Marc Yacé, elle a avoué à la salle Bamba Cheick Daniel que son abandon du taekwondo est consécutive à une grosse frustration.
« Beaucoup de personnes, en effet, m'ont posé la question de savoir pourquoi j'avais brusquement arrêté le taekwondo. Je ne m'étais jamais prononcée sur la question », a commenté l'athlète que l'on présentait comme l'une des plus douées de sa génération.
« Comment Me Tadjou a brisé ma carrière »
Avant d'expliquer que tout est parti d'une compétition au Mexique. Elle était membre de l'équipe nationale de Côte d'Ivoire.
« A cette compétition, j'ai été la seule parmi les athlètes ivoiriens à passer le premier tour. Après le combat perdu, le coach m'a demandé de m'excuser et moi, toujours abattue, je ne comprenais pas pourquoi je devais demander pardon au coach Tadjou Atada alors que j'avais tout donné sur le tapis. Et je suis rentrée me coucher. Une fois à Abidjan, j'ai été désagréablement surprise de ne plus voir mon nom sur les convocations de l'équipe nationale. J'aurais tellement aimé poursuivre ma carrière et défendre les couleurs de mon pays... », a expliqué la taekwondo-in âgée aujourd'hui de 30 ans.
Désormais elle est mieux connue dans le monde des concours de beauté et de mannequinat. Dans un brunch, la veille de la manifestation organisée par la fédération, l'ancienne tireuse internationale insistait sur le blocage de l'évolution en Côte d'Ivoire de la pratique du taekwondo au niveau des Dames.
« Il y a du harcèlement sexuel dans le taekwondo dirigé contre les femmes. Ce n'est pas assez dénoncé parce que les jeunes filles dans ce milieu craignent des représailles de coachs ou d'hommes de l'administration. C'est également un frein à l'épanouissement du sport féminin », a dénoncé Cynthia Kragbé.
Une affirmation qui vient raviver la plainte formulée, il y a quelques mois, par l'athlète Cissé Mariam, une autre athlète déçue, contre l'entraîneur national, Tadjou Atada. Vivement que la fédération prenne à bras-le-corps ce fléau. Au nom de l'égalité entre les sexes.