En Côte d'Ivoire, une exposition rend hommage à l'artiste-plasticien Monné Bou. Âgé de 80 ans, et plus de 50 ans de carrière au compteur, ce peintre fait référence dans le pays, en matière d'art contemporain. Reportage au musée des Civilisations de Côte d'Ivoire.
Chaque toile est conçue avec la même technique : la peinture par jet. Monné Bou ne fait pas d'esquisse de dessin avant de peindre : il se tient à distance et éclabousse la toile. Chaque projection forme des pointillés, qui constituent tantôt des formes d'enfants, tantôt un paysage, comme La forêt d'hévéa.
L'artiste a expérimenté cette technique pour la première fois lorsqu'il étudiait aux Beaux-Arts à Marseille, en France : « Je faisais ça avec l'encre de Chine. Quand les esprits sont mauvais, on mélange le kaolin et puis on asperge. Pour chasser les mauvais esprits. »
Cette exposition met en lumière le parcours universitaire de Monné Bou. À cela s'ajoute une rétrospective sur son travail. Christelle Mangoua, la commissaire de cette exposition, montre ainsi deux autres techniques utilisées par cet artiste : « On s'est rendu compte qu'autour des années 1993, 1994, 1995, Monné Bou a changé un tout petit peu. Il a commencé à représenter les pagnes tissés. Plus on évoluait dans les années 2010 à 2020, on est allé un peu sur des lignes en fait, c'est des dessins, je pense qu'il les appelait l'écriture directe et c'est vraiment des dessins qu'il fait, mais très fins. »
Sa démarche artistique a marqué de nombreux jeunes plasticiens
Monné Bou continue de peindre dans son atelier à Adiaké. Ses oeuvres dialoguent aussi avec les toiles d'autres artistes, auxquels il a pu transmettre ses connaissances.
L'intéressé était également professeur d'université. Sa démarche artistique a ainsi marqué de nombreux jeunes plasticiens, à l'image d'Isidore Koffi. Cet artiste s'est approprié la technique de Monné Bou, qu'il revisite à sa manière. Il se définit comme un « tâchiste », référence à la technique du jet initiée par Monné Bou :« Le maître Monné Bou, dans la forme de l'oeuvre, à une certaine distance, il y a une réalité que nous pouvons percevoir. Les amas de coloris, ce sont des points qui, à une certaine distance, vont construire une image, comme un mouvement. C'est pareil aussi dans mes créations, je tiens compte toujours de l'éloignement. Quand on est plus proche, on a l'impression d'être dans un chaos, mais à une certaine distance de l'oeuvre, on voit une scène de vie. Voilà, donc, c'est à travers tous ces éléments graphiques, à travers la tâche, que j'ai retransmis cette vie. »
L'exposition « Monné Bou : le mystère du jet, 50 ans après » se tient jusqu'au 21 mars, au musée des Civilisations de Côte d'Ivoire.