La transformation structurelle de l'économie à travers l'industrialisation de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche exige d'abord une augmentation de la productivité dans ces trois secteurs. Telle est la conviction du candidat à l'élection présidentielle du 24 mars 2024, Boubacar Camara. Pour lui, cet impératif nécessite au préalable une mise à disposition d'équipements, d'outils et de méthodes rigoureux et adaptés au besoin des acteurs.
Le candidat de la coalition Kamâh 2024 annonce plusieurs actions à mettre en oeuvre dans le sens de réussir la transformation structurelle de l'économie à travers l'industrialisation de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche.
Sur l'agriculture, Boubacar Camara promet aux sénégalais de réformer structurellement le foncier avec la modification de la loi sur le domaine national pour introduire un domaine agro industriel couvert par un titre foncier agro industriel attribué aux investisseurs pour un investissement structurant à côté des nouvelles Zones d'aménagement concerté (Zac). Pour lui, la modification de la loi sur le domaine national s'impose pour introduire un domaine agro industriel.
Il s'engage à investir pour la transformation industrielle des produits agricoles ; mettre en place une stratégie de maitrise de l'eau et de production d'engrais et à augmenter le prix du kg d'arachide à 500 FCFA, « Barigo Fukki Juni ».
Il prévoit de renforcer les infrastructures (rurales, équipements, stockage, commercialisation) ; tenir compte et soutenir les exploitations familiales reconnues comme des acteurs clés du
système agrosylvopastoral ; développer, à large échelle, la transformation des produits agricoles ; promouvoir les domaines agricoles communautaires ; et réformer le travail agricole avec le recrutement par la fonction publique de cohortes d'ouvriers agricoles.
Pour le sous-secteur de l'élevage, le candidat de la coalition Kamâh 2024 annonce la mise en place d'un programme décennal d'autosuffisance alimentaire ; le recensement du cheptel sur des bases scientifiques pour maitriser la production de l'élevage et favoriser son augmentation.
Boubacar Camara envisage de bâtir un cadre institutionnel légal et réglementaire du sous-secteur de l'élevage avec des documents de politiques ayant fait l'objet de larges concertations ; moderniser totalement l'Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra) ainsi que le Laboratoire national de l'élevage et de recherches vétérinaires (Lnerv).
S'il est porté par les électeurs à la tête du pays, Boubacar Camara indique qu'il va adopter un Plan d'urgence pastoral pour les difficultés ponctuelles qui constituent des obstacles récurrents pour la productivité et la compétitivité de l'élevage. Il ambitionne également de développer un Plan stratégique de développement de l'élevage avec des indicateurs de résultats pertinents et vérifiables.
Remplacer les pirogues par des chalutiers
Concernant la pêche, le programme de M. Camara prévoit de mettre en place un chantier naval au Sénégal qui permettra de moderniser la pêche artisanale maritime par la fabrication de chalutiers qui vont remplacer les pirogues ; et d'appliquer la mise aux normes des aménagements des sites de transformation artisanale pour une bonne qualité d'hygiène afin d'avoir accès aux marchés occidentaux.
Aussi, compte-t-il créer des usines de transformation de la pêche. En ce sens, il va industrialiser la production aquacole et développer l'aquaculture marine pour la production de dorade, de courbine, de mérou, de maigre, de crevette etc. Il est prévu, dans son programme, de normaliser et règlementer la pêche industrielle de telle sorte qu'elle puisse préserver et financer les besoins de la pêche artisanale et de la transformation artisanale.
M. Camara annonce de développer une pêche semi-industrielle ; définir une période de repos biologique ; réglementer les accords de partenariat de pêche ; et des postes de police, de la gendarmerie, et de la marine au niveau des plages. « Si nous n'avons pas d'excédent, ne pas signer des accords et conventions sur les droits de la mer des Nations Unies », s'engage le candidat de la coalition Kamâh 2024. Il s'engage également à lutter contre les sociétés écran et les prête-noms dans la pêche industrielle ; et à réviser le Code de la pêche continentale.
Pour le secteur privé, M. Camara compte institutionaliser la préférence nationale permettant de disposer de points de bonification pour accéder à la commande publique et à l'investissement industriel (discrimination positive), réformer et encadrer les règles de passation des marchés publics et encourager la tendance Partenariat public-privé dans la mise en oeuvre.
Sur l'entreprenariat, Boubacar Camara annonce des mesures phares comme garantir l'attractivité de l'environnement des affaires pour les entrepreneurs et les porteurs de projets et les primo-entrepreneurs ; maîtriser la technologie pour une industrialisation favorisant le développement de l'entrepreneuriat ; et soutenir les réformes en matière de fiscalité et d'accès aux marchés publics pour les Micro, petites et moyennes entreprises (Mpme).
Des voies réservées aux transports en commun
Par ailleurs, le candidat à la présidentielle du 24 mars prévoit de financer les infrastructures à hauteur de 4000 milliards de FCFA à partir des ressources naturelles et du Partenariat Public-Privé ; d'assurer la maintenance régulière des infrastructures de transport, routières et énergétiques existantes ; mais aussi adopter des normes beaucoup plus rigoureuses pour sauvegarder les routes, en plus du contrôle de la charge à l'essieu, pour le contrôle des camions de transports des conteneurs et des marchandises pondéreuses.
Il réalisera également, selon son programme, un port en eaux profondes autour de Saint Louis et des ports secs à Kaolack, Tambacounda et Kédougou. Il y aura également des investissements dans le développement de systèmes de bus modernes et durables ; et un renforcement de la modernisation des aérodromes régionaux avec des infrastructures adaptées et dotées de tous les services d'assistance.
M. Camara envisage une fois à la tête du pays, d'établir des voies réservées aux transports en commun pour réduire la congestion ; de renforcer la mise en place d'un programme national de désenclavement des territoires ruraux pour permettre l'accessibilité aux localités et aux zones de productions.
350 milliards de FCfa au profit des artisans
Pour l'artisanat, il est prévu la formalisation avec le recensement de tous les artisans et ateliers artisanaux avec une identification des métiers, des formations suivies, des informations sur les activités et les besoins. Il envisage de soutenir et d'intégrer, dans le réseau national de formation, l'apprentissage traditionnel des artisans.
Dans le même sillage, Boubacar Camara s'engage à garantir aux artisans un emplacement adéquate pour exercer leur métier.
Il prévoit aussi un soutien financier et technique pour améliorer la qualité et la diversité des produits artisanaux par la mise en place de l'Office sénégalais de l'artisanat (Osa) doté d'un montant de 350 milliards de FCFA. Il s'agit d'un fonds d'investissement revolving alimenté en partie par l'Etat à travers le budget, la contribution des artisans et la fiscalité.
Pour le numérique le programme de Boubacar Camara prévoit de développer une politique de transformation numérique reposant sur 3 piliers clés : compétences numériques, réglementation, entrepreneuriat. Il envisage également de faciliter l'accès au financement et à l'accompagnement afin de booster l'entrepreneuriat numérique.
Boubacar Camara s'engage enfin à garantir des compétences permettant aux jeunes de tirer le meilleur du numérique ; et de favoriser l'émergence de la technologie (IA, cybersécurité, identité numérique etc.) afin de booster le modèle alternatif du numérique.