À quelques jours de l'élection présidentielle du 24 mars, la campagne express bat son plein au Sénégal. L'opposant Ousmane Sonko et son second et candidat, Bassirou Diomaye Faye, ont fait campagne en Casamance, dans le Sud du pays, deux jours après leur libération de prison.
Les dix-neuf candidats à l'élection présidentielle au Sénégal n'ont que deux semaines pour conquérir les votes des électeurs, contre vingt et un jours prévus par le code électoral. En Casamance, « je suis dans mon domaine. Cet accueil sera unique » pendant la campagne électorale, a déclaré Bassirou Diomaye Faye. Il a fait part de son « projet d'un Sénégal souverain, un Sénégal de justice, un Sénégal de prospérité ».
« Il reste une semaine avant la présidentielle. Dimanche prochain 24 mars, à pareille heure, nous serons en train de célébrer la victoire de Bassirou Diomaye Faye comme cinquième président du Sénégal », a déclaré Ousmane Sonko à Ziguinchor. « Voter Bassirou Diomaye Faye, c'est voter deux fois pour Ousmane Sonko », a-t-il poursuivi, réitérant le tandem avec le candidat qu'il a choisi.
Les deux opposants, emprisonnés depuis 2023, ont été libérés le 14 mars après des mois de détention, en vertu d'une loi d'amnistie à l'instigation du président Macky Sall, qui ne se présente pas au scrutin présidentiel après deux mandats de sept et cinq ans. Ce premier déplacement des deux hommes hors de Dakar a eu lieu alors que la campagne électorale a été écourtée par le report surprise du scrutin par le président Sall, initialement prévu pour le 25 février. Sortis de prison, Sonko et Faye, président et secrétaire général du parti Pastef dissous, peuvent désormais participer à la campagne, qui met aux prises dix-huit hommes et une femme.
Ousmane Sonko a été disqualifié de la présidentielle en janvier, le Pastef désignant alors Faye. Lors d'une conférence de presse commune, les deux hommes s'en sont pris au candidat du pouvoir, l'ex-Premier ministre Amadou Ba. « S'il est élu, il sera le président des pays étrangers », a dit Sonko, accusant Amadou Ba d'avoir couvert des malversations. Sonko « récidive en consacrant toute une conférence de presse à des diffamations et calomnies insipides », a rétorqué, dans un communiqué, le camp d' Amadou Ba, en campagne dans le nord et l'est du pays.
Le programme de Faye le présente comme le « candidat du changement de système » et d'un « panafricanisme de gauche, qui promet de restituer au Sénégal sa souveraineté et renégociera, s'il est élu, les contrats d'exploitation du gaz et du pétrole ainsi que les accords de défense ». La mise en cause de Sonko par la justice, conjuguée aux tensions économiques et sociales, a donné lieu entre 2021 et 2023 à différents épisodes d'émeutes, pillages et saccages. Le report de la présidentielle a causé de nouveaux heurts. Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines autres arrêtées depuis 2021, au cours de troubles qui ont fortement ébranlé un pays considéré comme l'un des plus stables d'une Afrique de l'Ouest secouée par les coups de force.