En Gambie, plusieurs dizaines de personnes ont manifesté devant l'Assemblée nationale à Banjul. Pour la deuxième fois, ce mois-ci, les députés se penchaient, ce lundi 18 mars, sur un projet de loi visant à autoriser de nouveau l'excision.
Dès le matin, environ une centaine de manifestantes et de survivantes - les femmes qui ont subi une excision - se sont réunies devant l'Assemblée nationale, avec des banderoles et des pancartes affichant un message : « Ne retirez pas la loi contre les mutilations génitales féminines ! »
Ce lundi, c'était le deuxième examen de la proposition de loi d'Alamameh Gibba, le député indépendant qui a présenté ce nouveau texte, en justifiant qu'interdire l'excision « viole les droits des citoyens à pratiquer leur culture et leur religion ». Son texte ne devrait pas être voté ce lundi, il doit d'abord être examiné en commission parlementaire, avant une éventuelle nouvelle lecture à l'Assemblée.
Cependant, pour Anna Njie, présidente de l'Association des avocates de Gambie, ce projet de loi est déjà, en soit, un coup dur pour l'émancipation des femmes.
« Je suis vraiment déçue, car nous avons abattu un tel travail pour la promotion des droits des femmes et des filles. On pouvait vraiment dire que la Gambie s'accordait avec le droit et les traités internationaux. Maintenant, il faut se battre pour supprimer définitivement cette proposition de loi, et non pas juste pour retarder son adoption pour la faire examiner en commission. Cette commission est composée d'experts qui devront se prononcer sur la question et les chances que la loi criminalisant l'excision soit amendée, sont très grandes. Cette criminalisation peut être affaiblie ou tout simplement retirée », alerte-t-elle.
L'an dernier, d'après l'Unicef, 73% des Gambiennes de 15 à 49 ans ont été excisées. Ce sont deux points de moins qu'en 2015, l'année de l'interdiction des mutilations génitales féminines, en Gambie.