Ils ont peur de faire des inimitiés avec les membres de la police locale. Car le père de la victime insiste que Melanie Kum, policière, et son époux, le Dr Jerry Kum Ngah, soient auditionnés et maintenus à garde à vue pour la manifestation de la vérité.
« Une policière est concernée. Je dois éviter de traiter cette information. Je peux risquer d'être localisé et frappé.» Au bout de fil avec un journaliste de la ville de Bangangté en date du 08 mars dernier, il lâche cette confidence. Pour lui, il est hors de question qu'il signe de son nom, un article relatif à une affaire de kidnapping, viol et assassinat impliquant au rang des suspects des proches ou un membre de la police locale. Il s'agit notamment de Mélanie Kum, policière chez qui la dépouille de la petite Shalom, enlevée le 29 février, a été retrouvée le 1 er mars dernier.
Approché par nos soins, Dounya Fendju, le père de la petite fille kidnappée, sodomisée et tuée à Bangangté, dénonce l'attitude des localiers de Bangangté au sujet de cette affaire. « J'ai été approché par le correspondant d'Equinoxe Télévision. Il a collecté des informations.
Mais au moment de la diffusion de son élément, j'ai constaté que son traitement était partiel et parcellaire. C'est comme si certaine de mes déclarations exigeant une enquête approfondie et une implication de tous les suspects y compris la policière chez la dépouille de ma fille a été retrouvée . Ils ont été passées sous silence par ce correspondant. Alors qu'il constant que ma fille a été portée disparue en date du 29 février 2024 et que son corps a été retrouvé en date du 1er mars 2024 au domicile de la policière Melanie Kum et de son époux de le Dr Jerry Kum, médecin.
Le suspect mis aux arrêts Franklin Kum est le neveu du médecin et il n'a séjourné à Bangangté qu'à partir du 25 février sur invitation de son oncle », déplore-t-il. Le traitement fait par le correspondant local de Canal 2 International n'est pas du goût de sieur Dounya Fendju. De même, la partie civile de ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire Shalom dénonce le silence des radios locales au sujet de l'assassinat de sa fille.
Contacté par nos soins, Abraham Sa'a, correspondant de la chaîne de télévision privée Canal 2 International, dit avoir traité cette affaire plusieurs fois avec prudence. Il ne souhaite pas se faire des inimitiés avec les membres de la police basée à Bangangté.
Cette autocensure à laquelle se livre les journalistes résidents à Bangangté est liée aux persécutions dont sont habituellement victimes les journalistes qui dénoncent les personnes bien placées au niveau de la pyramide sociale. Ce qui selon Emmanuel Ekouli, correspondant de Reporters Sans Frontières au Cameroun est bien contraire aux exigences de la Charte de Munich sur les droits et devoirs des journalistes.
Tout à l'article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui dispose :Toute personne a droit à la liberté d'expression; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix.