Sénégal: Benno Bokk Yakaar - PDS - Les impossibles retrouvailles ?

Plus que quatre petits jours avant la fin de la campagne électorale express de la présidentielle sénégalaise du 24 mars 2024.

Une partie de pêche aux voix de deux semaines, au lieu de trois en temps normal, intervenue après moult rebondissements consécutifs aux velléités du président sortant, Macky Sall, de reporter le scrutin.

Déjà en temps normal, le débat d'idées et la confrontation de projets de société entre les différents candidats sont souvent biaisés au profit de promesses électoralistes les unes aussi fantaisistes que les autres.

Avec cette campagne au rabais, faute de temps nécessaire et pourquoi pas de programme de gouvernement chez certains, la course au fauteuil présidentiel va se jouer davantage sur la personnalité et l'équation personnelle de chacun des prétendants à la magistrature suprême.

Sur ce registre, la grande attraction est sans nul doute le duo d'ex-reclus élargis à la faveur de la récente loi d'amnistie votée par l'Assemblée nationale.

Il s'agit d'Ousmane Sonko, président du parti Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF), rayé de la liste électorale du fait de sa condamnation pour diffamation, et Bachirou Diomaye Faye, candidat de substitution au compte du PASTEF dissous.

En témoigne le raz de marée qui a déferlé sur Ziguinchor, fief de Sonko, pour accueillir les deux hommes dont la farouche opposition au président Macky Sall vaut ici et auprès d'autres contrées tout un programme.

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C'est dans ce sens que l'on comprend la démarche du porte-étendard de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar, Amadou Ba. Lui qui n'hésite pas à regarder ouvertement Karim Wade du Parti démocratique sénégalais avec des yeux de Chimène. Une démarche aussi compréhensible que stratégique dans la mesure où le candidat Amadou Ba entame la compétition dans un climat de contestation de nombre de cadors de son propre camp.

Dans ces conditions, pourquoi donc se priver de soutiens extérieurs, particulièrement du vivier électoral du PDS dont il porte le même ADN politique ? Après tout, plusieurs cadres de Benno Bokk Yakaar ne sont-ils pas des fils spirituels du fondateur du PDS, Abdoulaye Wade ?

Toutefois, rien ne laisse croire, pour le moment, que le fils du célèbre chauve du pays de la Teranga l'entend de cette oreille.

En cause, Karim Wade accuse, à tort ou à raison, le Premier ministre Amadou d'avoir corrompu deux juges du Conseil constitutionnel, la juridiction qui a rejeté son dossier de candidature pour raison de double nationalité.

Mais pourra-t-il snober continuellement celui qui lui tend aujourd'hui la main ?

Car si Amadou Ba franchit le premier tour, l'instinct de survie politique commande que ce grand absent du rendez-vous de dimanche prochain ravale son amour-propre, panse sa blessure narcissique sans trop de rancoeur pour jouer la carte du pragmatisme.

C'est que, en cas de victoire du candidat de Benno Bokk Yakaar avec le soutien du PDS, le faiseur de roi qu'aura été Karim Wade s'en trouvera récompensé en termes de strapontins et de prestigieux postes dans la haute administration.

Ce qui contribuera à lui garantir une certaine présence sur la scène politique en attendant les prochaines joutes électorales.

Va-t-il résister à la tentation ?

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