Ahoua Touré, 28 ans, a été intégrée à l'Académie culinaire de France, une prestigieuse institution. Cette jeune femme, détentrice d'un bachelor en journalisme et en administration des affaires, compte profiter de sa reconversion dans la pâtisserie pour faire (re)connaître les saveurs du terroir ivoirien. Rencontre.
C'était il y a une dizaine de jours, une jeune pâtissière ivoirienne a été intégrée à l'Académie culinaire de France. Il s'agit d'Ahoua Touré, qui est à la tête de la Maison Mandjou, une biscuiterie fine, créée il y a trois ans à Abidjan. Cette jeune fait désormais partie de cette institution française et compte y faire connaître les valeurs de son terroir.
Dans son atelier, dans le quartier d'Angré, à Cocody,Ahoua Touré découpe une longue plaque de biscuits à base de café. Elle les tamponne ensuite un à un, avec un moule en forme de « M », comme Mandjou. Hibiscus, gingembre, pain de singe : Ahoua Touré met en avant les saveurs et les produits du terroir. « J'utilise principalement de la farine de riz locale et des matières premières locales, décrit-elle. Ici, vous avez du café local, qui vient précisément de Bonoua, et moi, je ne travaille qu'avec des prestataires locaux qui sont principalement des femmes, qui travaillent avec des types de coopératives à l'intérieur du pays ».
Traiteur de luxe et salon de thé
Ahoua Touré s'est formée aux États-Unis, où elle a décroché un bachelor en journalisme et en business administration. À son retour au pays, cette jeune femme de 28 ans, cuisinière et pâtissière autodidacte, se consacre à sa passion. Elle crée cette biscuiterie, qui est aussi un traiteur de luxe et un salon de thé. Elle renoue en même temps, avec l'histoire de la sous-région, en mettant en avant une personnalité emblématique sur ses boîtes : Samory Touré. « "Mandjou", c'était le surnom de l'illustre guerrier Samory Touré, qui lui a été remis en hommage par le peuple de l'empire Wassoulou. Pour ce peuple-là, Mandjou symbolisait la gloire, la richesse, l'indépendance, la royauté, la divinité, le leadership, et surtout, l'humilité. »
Intégrer l'Académie culinaire représente, pour cette jeune, un signe de reconnaissance. Ahoua Touré espère ouvrir des portes à d'autres jeunes talents ivoiriens.