Responsables de Pastef, parti dissous en juin dernier, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont retrouvé leurs familles respectives. Ils ont été libérés jeudi soir à la suite de la promulgation par le Chef de l'Etat, Macky Sall, de la loi d'amnistie générale adoptée, la semaine dernière, par la majorité des députés de l'Assemblée nationale (94 voix pour, 49 contre, et 3 abstentions).
Selon le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Aissata Tall Sall, qui défendait le projet de loi devant le parlement, en vertu de l'article 1 dudit texte législatif, « toutes les infractions criminelles sont comprises dans le champ d'application de la loi d'amnistie », coupant court aux interpellations de députés de l'opposition notamment ceux de l'ex Pastef qui craignent que des « crimes de sang » ne soient concernés par l'amnistie.
De violents affrontements avaient opposé les éléments des forces de l'ordre à des jeunes manifestants suite à l'interpellation puis la condamnation pour « corruption de la jeunesse » de l'opposant Ousmane Sonko et lors des nombreuses manifestations qui ont jalonné ses différentes péripéties avec la justice sénégalaise depuis mars 2021.
Ces dernières semaines, des centaines de détenus interpellés en marge de ces manifestations ont été élargis de prison, suite à l'appel à l'apaisement du Président Macky Sall. En détention préventive, depuis mi-avril 2023, suite à un post qui était à l'encontre des magistrats, le numéro 2 de l'ex-Pastef a même perdu son temps d'antenne sur la télévision nationale, a ainsi décidé le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (Cnra) qui a évoqué les dispositions du Code électoral. Une décision qui n'a pas empêché sa coalition, « Diomaye Président », d'investir les rues à l'occasion de la campagne électorale. Il peut aujourd'hui battre campagne à l'image des 18 autres candidats.
Quant à Ousmane Sonko, il été mis aux arrêts, le 28 juillet 2023, avant d'être inculpé, trois jours plus tard, par un juge d'instruction qui a ordonné son placement en détention pour « appels à l'insurrection et complot contre l'État, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l'État ».
Le Conseil constitutionnel a, après un dernier recours de M. Sonko le 20 janvier dernier, écarté sa candidature en raison d'une condamnation définitive pour diffamation à six mois de prison avec sursis le 4 janvier par la Cour suprême, dans une affaire l'ayant opposé au ministre du tourisme Mame Mbaye Niang.
A rappeler que dans deux autres dossiers, le maire de Ziguinchor a été également déclaré coupable en juin de débauche de mineure et condamné à deux ans de prison ferme. Ousmane Sonko a dénoncé un complot pour l'empêcher de participer à l'élection présidentielle de février 2024, ce que le pouvoir dément.
Mais l'Etat du Sénégal s'est finalement désisté de son pourvoi en cassation suite à la décision du Tribunal d'instance hors classe de Dakar ordonnant sa réintégration des listes électorales et rappelant que le jugement par contumace sur lequel s'était basée la Direction générale des élections (Dge) pour le radier du fichier, était déjà anéanti dans la foulée de son arrestation.